Londres (awp/afp) - La reprise économique continue à perdre de la vigueur en octobre au Royaume-Uni face à la deuxième vague de la pandémie et ce malgré une consommation encore solide, avec le risque de voir la croissance réduite à néant dans les prochains mois.

Selon une première estimation publiée par le cabinet Markit, l'indice PMI composite mesurant l'activité dans le secteur privé (industrie et services) est tombé à 52,9 points en octobre, contre 56,5 en septembre.

Il s'agit de son niveau le plus bas en quatre mois et il se rapproche peu à peu des 50 points, en dessous duquel l'activité recule.

Markit explique ce nouveau ralentissement de la croissance par les difficultés du secteur des services. Les pubs et restaurants sont touchés par des restrictions plus sévères et les dépenses des consommateurs commencent à être pénalisées par des confinements locaux.

"Le rythme de la croissance économique britannique en octobre n'a jamais été si faible depuis le début de la reprise après le confinement", signale Chris Williamson, économiste chez Markit.

Il explique même que le ralentissement aurait été plus marqué sans l'augmentation des exportations vers des clients qui cherchent à recevoir leurs commandes avant les potentielles perturbations du Brexit.

Pour Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics, le PMI "accrédite l'idée que la reprise économique est à l'arrêt", avec une stagnation en vue du produit intérieur brut au quatrième trimestre après son fort rebond cet été.

L'activité des entreprises pourrait être en outre affectée par les incertitudes autour du Brexit et le spectre d'un échec des négociations sur le relation post-Brexit avec l'UE, avant que ne s'achève fin décembre la période de transition.

La puissante commission du Trésor du Parlement britannique a même écrit vendredi au ministre des Finances Rishi Sunak pour fait part de ses inquiétudes sur le flou entourant les prochaines procédures douanières, ce qui empêche les entreprises de se préparer à cette échéance.

De son côté, la consommation des ménages semble elle encore tenir le choc, mais cela pourrait ne pas durer.

Les ventes au détail au Royaume-Uni ont encore progressé en septembre, de 1,5% sur un mois, au point d'être revenues bien au-dessus du niveau d'avant la crise sanitaire, a annoncé vendredi le Bureau national des statistiques (ONS).

Elles ont signé leur cinquième mois de hausse consécutive, portées par l'alimentaire, l'habillement, les biens pour la maison, notamment pour le jardinage, tandis que le carburant a marqué le pas.

Au total, sur le troisième trimestre, les ventes au détail dans leur ensemble ont bondi de 17,4% par rapport au trimestre précédent, le bond le plus fort jamais enregistré, après un effondrement record au moment du confinement à partir de fin mars.

Leur niveau est désormais 5,5% plus élevé qu'en février avant que la crise sanitaire ne frappe.

Mais les économistes ne sont pas très optimistes sur la consommation des mois qui viennent, en raison des nouvelles mesures de restrictions et de la mise en place à partir de novembre d'un dispositif d'aide à l'emploi moins généreux que le chômage partiel.

"L'idée générale est celle d'une stagnation de la reprise économique au quatrième trimestre et les restrictions supplémentaires liées au Covid-19 pourraient bien inverser la tendance dans les dépenses de consommation", note Thomas Pugh, économiste chez Capital Economics.

afp/jh