Francfort (awp/afp) - Les banques en zone euro sont plutôt prêtes face à l'échéance du Brexit mais une sortie du Royaume-Uni de l'UE sans accord pourrait créer des chocs à l'ampleur non encore évaluables, a prévenu vendredi un haut responsable de la Banque centrale européenne.

Les préparatifs ont été menés en vue du Brexit de sorte que les banques sont "maintenant prêtes à encaisser le coup, dans une certaine mesure", a déclaré Andrea Enria, président du superviseur unique des grandes banques en zone euro, dans une interview à Morning Ireland.

Mais le Brexit "aura bien sûr des effets macroéconomiques en plus de l'impact du Covid-19", et "les marchés financiers n'ont pas encore pleinement pris en compte la possibilité que le Royaume-Uni quitte l'Union européenne sans accord commercial", fait-il observer.

C'est pourquoi "le fait que nous soyons préparés à un choc ne signifie pas que les effets négatifs ne se matérialiseront pas, bien sûr".

Un Brexit sans accord commercial pourrait être trois fois plus coûteux sur le long terme que la pandémie de coronavirus pour l'économie britannique, a prévenu mardi une étude du centre de recherche "The UK in a Changing Europe".

Les entreprises sur le vieux continent, notamment allemandes, perdent elles peu à peu l'espoir d'un "deal", écrit vendredi l'agence Bloomberg.

Les banques installées au Royaume-Uni, pour l'essentiel à Londres, ont demandé à obtenir des licences en Europe continentale pour continuer à servir leurs clients des deux côtés de la Manche.

Ainsi, plus de 60 établissements financiers "sont en train d'établir ou de renforcer considérablement leur présence en Allemagne", a indiqué cette semaine le superviseur allemand des banques, le Bafin, à l'AFP.

La banque américaine JP Morgan a elle l'intention de rapatrier quelques 200 milliards d'euros d'actifs du Royaume-Uni vers Francfort, selon l'agence Bloomberg.

Un autre dossier brûlant inquiète le superviseur en zone euro: le risque d'une flambée des défauts de paiement de crédits dans le sillage de la récession liée à la pandémie du Covid-19.

"Il est temps pour les banques de commencer à devenir plus actives dans la reconnaissance de leurs problèmes de qualité d'actifs", afin d'éviter de lourdes pertes, prévient M. Enria.

Dans le pire scénario, la BCE s'attend à ce que les prêts non performants grimpent à 1400 milliards d'euros (plus de 1500 milliards de francs suisses), un chiffre "encore plus élevé que ce que nous avons connu lors de la dernière crise" de 2008/2009, quand ils avaient culminé à quelques 1000 milliards d'euros.

afp/al