Les entreprises européennes seraient perdantes si l'Union européenne tentait d'imposer des barrières au secteur britannique de la Finance, a prévenu jeudi le gouvernement britannique tandis que le négociateur en chef des Européens, Michel Barnier, réaffirmait que Londres ne pouvait espérer des négociations "à la carte".

Depuis la sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union européenne, le 31 janvier dernier, les deux parties sont entrées dans une période de transition, prévue jusqu'à la fin de l'année, pour trouver un accord sur leur future relation.

Dans l'intervalle, les principales règles et obligations européennes continuent de s'appliquer au Royaume-Uni.

"Il existe peu de lieux dans le monde où on trouve un marché des capitaux aussi profond et aussi vaste (qu'à la City)", a déclaré le ministre du Bureau du cabinet, Michael Gove, devant la commission de la Chambre des Lords chargée du Brexit.

"S'il advenait que l'UE choisisse délibérément d'ériger elle-même une barrière sur l'accès de nos services financiers à son marché, les perdants seraient les investisseurs en actions des entreprises de l'UE qui ne seraient plus en mesure d'obtenir le meilleur prix pour les transactions qu'ils souhaiteraient réaliser", a-t-il ajouté.

"Cela serait un nouvel exemple d'automutilation de la part des Européens", a poursuivi Gove.

Le négociateur en chef des Britanniques, David Frost, s'est interrogé pour sa part sur la lenteur des discussions. "Mais nous sommes entre les mains de l'UE pour ce qui est de savoir combien de temps cela prendra", a-t-il dit.

Son homologue européen, le Français Michel Barnier, a appelé pour sa part les Britanniques à se montrer plus réalistes et à oublier toute possibilité de négocier "à la carte".

"Il devrait y avoir plus de réalisme de la part Londres dans la période à venir s'ils veulent un accord ordonné pour se retirer du marché unique et de l'union douanière", a-t-il dit jeudi au micro de la radio allemande Deutschlandfunk.

"Mais nous ne ferons pas de progrès si les Britanniques continuent de piocher et de choisir pour eux-mêmes le meilleur de ces deux mondes", a-t-il ajouté.

Soulignant que la pêche, les conditions de la concurrence et les règles de gouvernance constituaient les dossiers les plus rudes de la négociation, Michel Barnier a estimé que boucler un accord d'ici la fin de l'année serait "extrêmement difficile, mais encore possible".

(Guy Faulconbridge et Kate Holton à Londres et Madeline Chambers à Berlin; version française Henri-Pierre André)