(Actualisé avec arrivée de Meng Wanzhou à Shenzhen et des Canadiens à Toronto)

par David Kirton et David Stanway

SHENZHEN, Chine/TORONTO, 25 septembre (Reuters) - La directrice financière de Huawei Meng Wanzhou est arrivée samedi en Chine après avoir pu quitter le Canada en vertu d'un accord avec des procureurs américains pour mettre fin à la procédure pour fraude bancaire la visant, désamorçant un sujet de tension entre la Chine et les Etats-Unis.

Quelques heures après l'annonce de cet accord, deux Canadiens, interpellés peu après l'arrestation de Meng Wanzhou en décembre 2018, ont été libérés et ont pu rentrer au Canada. Pékin a nié que leurs arrestations soient liées à celle de la dirigeante de Huawei.

"Vous avez fait preuve d'une force, d'une résilience et d'une persévérance incroyables", a commenté le Premier ministre canadien Justin Trudeau dans un message sur Twitter accompagné d'une photo sur laquelle il accueille ses deux compatriotes à l'aéroport.

L'homme d'affaires Michael Spavor et l'ancien diplomate Michael Kovrig étaient retenus en Chine depuis plus d'un millier de jours. En août, un tribunal chinois avait prononcé une peine de 11 ans de prison à l'encontre de Michael Spavor pour espionnage.

La saga de l'extradition de Meng Wanzhou, qui s'est étalée sur plusieurs années, a été à l'origine de tensions dans les relations tumultueuses entre Pékin et Washington, les dirigeants chinois faisant de la levée des charges pesant contre la dirigeante une condition à un déblocage de l'impasse diplomatique.

"Je suis enfin de retour à la maison", a déclaré Meng Wanzhou en arrivant à Shenzhen, selon des propos rapportés par le Global Times, organe du Parti communiste chinois. "L'attente dans un pays étranger a été très douloureuse."

L'accord pourrait susciter des critiques à l'encontre du président américain Joe Biden accusé par certains à Washington de capituler face à la Chine et l'un de ses groupes les plus puissants, au coeur d'une bataille technologique entre les deux pays.

Meng Wanzhou avait été arrêtée à l'aéroport de Vancouver, sur mandat des Etats-Unis, où elle était accusée de fraude bancaire et fraude électronique, notamment pour avoir trompé HSBC et d'autres banques sur des contrats négociés par Huawei en Iran en violation des sanctions américaines.

Nicole Boeckmann, procureure à Brooklyn, a déclaré qu'en concluant cet accord, "Meng Wanzhou a assumé la responsabilité de son rôle dans la perpétration d'un stratagème visant à frauder une institution financière mondiale".

L'accord ne concerne que Meng Wanzhou et le département de la Justice américain a dit préparer l'ouverture d'un procès contre Huawei et être impatient de pouvoir présenter ses arguments devant la justice.

Huawei s'est félicitée dans un communiqué que sa directrice financière puisse "retrouver sa famille" et a assuré qu'elle continuerait à la défendre contre les accusations portées contre elle par la justice américaine. (version française Camille Raynaud, Gwénaëlle Barzic et Tangi Salaün)