L'accord a été le fait marquant de la première visite du président américain Joe Biden au Canada en tant que président et pourrait soulager le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui subit des pressions de la part de ses opposants politiques pour qu'il prenne des mesures.

L'accord sur les tiers pays sûrs, signé en 2002 et entré en vigueur en 2004, signifiait à l'origine que les demandeurs d'asile qui entraient au Canada ou aux États-Unis par des postes-frontières officiels étaient refoulés et devaient demander l'asile dans le premier pays "sûr" où ils arrivaient.

Désormais, l'accord s'applique à toute la longueur de la frontière terrestre, soit 6 416 km (3 987 miles). En vertu du pacte révisé, toute personne qui entre dans l'un ou l'autre pays à n'importe quel endroit de la frontière terrestre et qui demande l'asile dans un délai de 14 jours sera refoulée.

Il entrera en vigueur samedi à minuit. Une source du gouvernement canadien non autorisée à s'exprimer officiellement a déclaré que les patrouilles de police seraient renforcées à proximité de certains points de passage non officiels, mais qu'il n'y aurait pas encore d'affectation majeure de ressources en matière d'application de la loi.

"Nos deux pays croient en une migration équitable et sûre, juste et ordonnée, en la protection des réfugiés et en la sécurité des frontières. C'est pourquoi nous appliquerons désormais l'Entente sur les tiers pays sûrs (...) entre les points d'entrée officiels", a déclaré M. Trudeau à la presse.

ENTRÉE PAR DES CHEMINS DE TERRE

La grande majorité des demandeurs d'asile en situation irrégulière qui arrivent au Canada passent par Roxham Road, un étroit chemin de terre qui relie l'État de New York à la province de Québec. Selon les statistiques du gouvernement canadien, près de 5 000 d'entre eux sont passés en janvier et environ 4 500 en février.

Quelques heures avant l'entrée en vigueur du nouveau délai, Roxham Road était relativement calme. Un photographe de Reuters a vu un groupe de 11 réfugiés turcs passer au Canada, amenés à la frontière par un chauffeur turc d'Uber.

"Je conduis toujours un taxi, donc je m'en fiche. En ce qui me concerne, je m'en fiche", a déclaré le chauffeur lorsqu'on lui a demandé ce qu'il ferait lorsque la frontière serait fermée aux passages irréguliers.

"Je me sens mal pour les gens.

Le Canada, qui milite depuis des années en faveur d'une telle révision, a subi une pression supplémentaire pour parvenir à un accord après que près de 40 000 demandeurs d'asile ont franchi la frontière de manière irrégulière l'année dernière, soit neuf fois plus qu'en 2021, lorsque les mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus étaient en vigueur, et plus du double de ce qu'elles étaient avant la pandémie de 2019.

Après l'entrée en vigueur des changements, ces migrants seront refoulés. En temps utile, le Canada a promis d'accueillir 15 000 personnes déplacées de l'hémisphère occidental.

"IMPOSSIBLE À METTRE EN ŒUVRE

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), qui assure la surveillance des points d'entrée, et la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui assure la surveillance du reste de la frontière, ont renvoyé les questions relatives à l'application de la loi à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, un service du gouvernement fédéral.

Le ministère a renvoyé les questions relatives à l'application de la loi à l'ASFC et à la GRC, déclarant dans un communiqué que les deux organismes "travailleront ensemble pour préserver l'intégrité de la frontière canadienne".

Tyler Provost, chauffeur de taxi, s'est dit inquiet de ce qu'il adviendra des familles de migrants concernées.

"Nous avons une famille qui devait arriver d'Afghanistan demain. ... Nous sommes censés venir les chercher à 11 heures, mais je ne peux pas parce que je ne sais pas où je vais les emmener.

À deux reprises, l'accord sur les tiers pays sûrs a été annulé par les tribunaux canadiens et, à deux reprises, les cours d'appel l'ont confirmé. Le dernier recours en date a été porté devant la Cour suprême à l'automne dernier et une décision est attendue dans les mois à venir.

Les défenseurs des réfugiés ont prévenu que ces mesures pousseraient les gens dans la clandestinité et les pousseraient à choisir des itinéraires plus risqués.

"C'est irréalisable. Comment une frontière de cette longueur peut-elle être surveillée ? Les gens passeront sans être détectés. Les gens passeront d'une manière plus dangereuse", a déclaré Maureen Silcoff, avocate spécialisée dans les affaires de réfugiés.

"C'est une proposition perdante que de sceller la frontière.