JERUSALEM (Reuters) - Une possible fusillade a blessé deux personnes à Jérusalem samedi alors que l'armée israélienne a déclaré avoir renforcé sa présence en Cisjordanie occupée après qu'un tireur palestinien a abattu la veille sept personnes près d'une synagogue à la périphérie de la ville.

La fusillade de vendredi soir est survenue au lendemain du raid israélien le plus meurtrier en Cisjordanie depuis des années et sur fond de tirs transfrontaliers entre Israël et Gaza qui ont renforcé les craintes d'une escalade.

Samedi, le service d'ambulances israélien a déclaré que deux personnes avaient été blessées dans ce qui semblait être une autre fusillade.

La police israélienne a indiqué que le tireur de l'attaque de vendredi était un Palestinien de 21 ans résidant à Jérusalem-Est qui semblait avoir agi seul pour perpétrer l'attaque dans une zone qu'Israël a annexée à Jérusalem après la guerre du Moyen-Orient de 1967.

Il a tenté de s'enfuir en voiture mais a été poursuivi par la police et abattu. Quarante-deux suspects, dont des membres de la famille du tireur, ont été arrêtés et les autorités sont en état d'alerte maximale, a déclaré la police.

L'attaque a suscité des craintes d'escalade après des mois d'affrontements en Cisjordanie qui ont culminé avec un raid à Jénine, jeudi, qui a tué au moins neuf Palestiniens.

"Suite à une évaluation de la situation par les FDI (Forces de défense israéliennes), il a été décidé de renforcer la division de Judée et Samarie (Cisjordanie) avec un bataillon supplémentaire", a indiqué l'armée.

Cette flambée de violence est la première confrontation majeure depuis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a pris ses fonctions le mois dernier à la tête d'un gouvernement qui comprend des partis nationalistes.

Après une évaluation avec les autorités chargées de la sécurité, Benjamin Netanyahu a exhorté la population à ne pas se faire justice elle-même, ajoutant que des mesures avaient été décidées et que le cabinet se réunirait samedi.

RISQUE DE NOUVELLE ESCALADE

Le ministre de la sécurité nationale d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, s'est rendu sur le site de l'attaque, où il a été accueilli par un mélange d'acclamations et de colère. "Le gouvernement doit réagir, si Dieu le veut, c'est ce qui va se passer", a-t-il déclaré à la foule qui l'attendait.

La fusillade de vendredi s'est produite le jour de la Journée internationale de commémoration de l'Holocauste et le jour du sabbat juif. Elle a été condamnée par la Maison Blanche et par le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, qui s'est dit préoccupé par l'escalade actuelle de la violence et a appelé à la "plus grande retenue".

Cet incident est survenu quelques jours avant une visite prévue du secrétaire d'État américain Antony Blinken en Israël et en Cisjordanie.

La Jordanie et l'Égypte, pays arabes qui ont signé des traités de paix avec Israël, ont condamné l'attaque, tout comme les Émirats arabes unis, l'un des nombreux États arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël il y a un peu plus de deux ans.

Le Hezbollah, groupe libanais soutenu par l'Iran, a fait l'éloge de l'attaque et un porte-parole du groupe islamiste palestinien Hamas l'a saluée comme "une réponse au crime commis par l'occupation à Jénine et une réponse naturelle aux le titre criminelles de l'occupation".

Le Jihad islamique, autre groupe militant, a également salué l'attaque sans en revendiquer la responsabilité.

Illustrant le risque d'une nouvelle escalade, trois Palestiniens ont été transportés à l'hôpital après avoir été abattus par un colon israélien lors d'un incident près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, a déclaré vendredi le ministère palestinien de la santé.

TIRS DE ROQUETTES

La police a déclaré que le tireur de Jérusalem était arrivé à 20h15 et avait ouvert le feu avec une arme de poing, touchant un certain nombre de personnes avant d'être tué par la police. "Nous sommes arrivés sur les lieux extrêmement rapidement et c'était horrible. Des blessés gisaient dans la rue", a déclaré Shimon Alfasi, du service d'ambulances israélien.

Plus tôt dans la journée de vendredi, des militants de Gaza ont tiré des roquettes sur Israël, sans faire de victimes mais en attirant l'attention des avions israéliens qui ont frappé des cibles dans la bande côtière sous blocus contrôlée par le Hamas.

La violence en Cisjordanie a augmenté après une série d'attaques meurtrières en Israël l'année dernière. La dernière vague a commencé sous le gouvernement de coalition précédent et s'est poursuivie sous l'administration de droite de Netanyahu, qui comprend des partis voulant étendre les colonies en Cisjordanie.

Avant la fusillade de vendredi, au moins 30 Palestiniens avaient été tués cette année et l'Autorité palestinienne, qui dispose de pouvoirs limités en Cisjordanie, a déclaré qu'elle suspendait un accord de coopération en matière de sécurité avec Israël.

(Version française Benjamin Mallet)

par Maayan Lubell