* Le Likoud de Netanyahu proche d'obtenir la majorité-sondages

* Accusé de corruption, Netanyahu nie toute malversation

* Le scrutin était le troisième en moins d'un an (Actualisé avec déclaration de Netanyahu)

par Jeffrey Heller

JERUSALEM, 3 mars (Reuters) - Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu a revendiqué mardi la victoire aux troisièmes élections législatives en moins d'un an en Israël, après que des sondages réalisés à la sortie des urnes ont donné son parti du Likoud en tête du scrutin avec seulement un siège manquant pour atteindre la majorité absolue.

Après des élections en avril et septembre derniers n'ayant pas permis la formation d'un gouvernement, un succès de Benjamin Netanyahu serait un symbole de la longévité politique de celui qui est au pouvoir depuis 2009 et a fait campagne avec l'ombre d'un procès pour corruption qui doit débuter ce mois-ci.

S'il obtient un cinquième mandat à la tête du gouvernement, ce qui serait un record, Netanyahu, 70 ans, pourrait avoir le champ libre pour réaliser sa promesse d'annexer les colonies juives de Cisjordanie dans le cadre du plan de paix pour le Proche-Orient dévoilé par le président américain Donald Trump en janvier.

Les sondages réalisés à la sortie des urnes lundi soir pour les trois principales chaînes de télévision israéliennes ont crédité le Likoud et ses alliés de droite de 60 des 120 sièges de la Knesset, soit un de moins que la majorité.

Au cours d'une campagne qui s'est davantage focalisée sur la personnalité de Benjamin Netanyahu et de son principal rival Benny Gantz, les différentes composantes de la coalition de droite sortant ont promis de former un gouvernement mené par le Likoud.

Mais même si les résultats définitifs confirment mardi les sondages "sortie des urnes", il faudra toujours à Netanyahu négocier le soutien d'alliés supplémentaires pour disposer de la majorité parlementaire.

Un porte-parole du Likoud a indiqué que le Premier ministre sortant devait s'exprimer dans un discours au siège du parti à Tel Aviv.

En amont de son allocution, Netanyahu a écrit sur Twitter: "Nous avons gagné grâce à notre foi en notre chemin et au peuple d'Israël".

Benny Gantz, ancien chef d'état-major de l'armée, n'a pas concédé sa défaite lorsqu'il s'est lui aussi exprimé via Twitter. "Merci aux milliers de militants et à plus d'un million d'électeurs qui ont choisi Bleu et Blanc", a écrit le chef du parti centriste Bleu et Blanc. "Je vais continuer à me battre pour la bonne cause, pour vous".

SÉCURITÉ D'ABORD

D'après les trois enquêtes, le Likoud obtiendrait de 36 à 37 sièges alors que le parti Bleu et Blanc en obtiendrait 32 ou 33, un résultat qui rendrait plus difficile pour Gantz la possibilité de mettre sur pied une coalition gouvernementale.

Lors du précédent scrutin en septembre, les centristes avaient devancé le Likoud, avec 33 sièges contre 32, mais Gantz n'avait pas réussi à former un gouvernement, pas plus que Netanyahu.

Le chef du gouvernement sortant a mené une campagne vigoureuse sur le thème de "la sécurité d'abord", bien connu des électeurs israéliens et cher à ses partisans, que son procès imminent n'a visiblement pas dissuadé de voter pour lui.

"Nous devons attendre les résultats définitifs, mais il ne fait aucun doute que le Premier ministre Netanyahu a obtenu un mandat politique fort de la part du peuple israélien", a commenté Yohanan Plesner, président de l'Institut de la démocratie israélienne.

"Les Israéliens ont exprimé leur soutien à l'homme auquel ils attribuent leur sécurité et leur prospérité", a-t-il ajouté.

Benjamin Netanyahu a dû relever un défi sans précédent depuis son inculpation en novembre dernier pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes.

Le procès du Premier ministre sortant, qui a dénoncé un "coup d'Etat", doit s'ouvrir le 17 mars.

Durant la campagne, Benny Gantz a surnommé Netanyahu "le prévenu", l'accusant de vouloir rester au pouvoir pour faire adopter une loi empêchant les autorités de juger un Premier ministre en fonction.

Netanyahu a lui présenté Gantz, 60 ans, comme un "lâche" incapable de faire face aux nombreux dangers qui guettent Israël dans la région et a laissé entendre que Gantz avait des secrets que l'Iran pourrait utiliser à des fins de chantage.

Les enquête d'opinion réalisées lors des derniers jours de la campagne laissaient envisager une nouvelle impasse politique, mais la participation a été élevée, à 71%, malgré les inquiétudes liées à l'épidémie de coronavirus. (avec Dan Williams, Stephen Farrell et Maayan Lubell; version française Jean Terzian et Jean-Philippe Lefief)