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par Jeffrey Heller

JERUSALEM, 17 mai (Reuters) - Après un an d'impasse politique, un nouveau gouvernement israélien d'union nationale, qui sera piloté en tandem par le chef du Likoud Benjamin Netanyahu et le centriste Benny Gantz, a été approuvé dimanche par la Knesset.

Le Premier ministre conservateur sortant Benjamin Netanyahu, dont le procès pour corruption s'ouvre dans une semaine, en prendra les commandes pendant dix-huit mois, avant de céder la place à son ancien rival aux élections législatives.

L'accord de partage du pouvoir, conclu après trois élections législatives en moins d'un an qui n'ont pas permis de dégager de majorité claire au Parlement, pourrait ouvrir la voie à l'annexion d'une partie de la Cisjordanie occupée, promesse de campagne de Netanyahu.

En attendant de diriger le gouvernement, Benny Gantz, chef de file de l'alliance Bleu et Blanc et ancien chef d'état-major de l'armée, sera le ministre de la Défense de Benjamin Netanyahu et "Premier ministre remplaçant", un nouveau poste que Benjamin Netanyahu occupera lorsque Benny Gantz dirigera.

A la tête du gouvernement, Benjamin Netanyahu espère éviter de devoir démissionner en vertu des règles permettant à un Premier ministre en exercice de rester en poste, même accusé d'un délit.

Benjamin Netanyahu est le dirigeant israélien en exercice ayant gouverné le plus longtemps dans l'histoire du pays. Aujourd'hui âgé de 70 ans, il est arrivé au pouvoir en 1996 et a enchaîné trois mandats consécutifs depuis 2009.

Son procès pour corruption, fraude et abus de confiance, des accusations qu'il rejette, doit débuter le 24 mai.

"Le peuple voulait l'unité et c'est ce qu'il a eu", a déclaré le chef du Likoud devant la Knesset, qui a approuvé le gouvernement par 73 voix contre 46.

36 MINISTRES, UN RECORD

Benjamin Netanyahu compte mettre en oeuvre son plan d'annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. Il a fixé le 1er juillet comme date d'ouverture des discussions au sein du gouvernement sur cette question hautement contentieuse.

"Ces régions sont là où la nation juive est née et s'est développée. Il est temps d'appliquer la loi israélienne et d'écrire un autre grand chapitre dans les annales du sionisme", a-t-il déclaré devant les parlementaires.

Les dirigeants palestiniens estiment que l'annexion de pans de Cisjordanie réduirait à néant le projet d'Etat palestinien qui était jusqu'ici au coeur du processus de paix et réclament des sanctions internationales contre Israël en cas d'annexion.

"Ces positions colonialistes et expansionnistes confirment une nouvelle fois l'inimitié idéologique de (Netanyahu) envers la paix", a réagi dans un communiqué le ministère palestinien des Affaires étrangères.

L'Etat hébreu a obtenu en partie le soutien de l'administration Trump, dont le plan de paix pour le Proche-Orient présenté le 28 janvier dernier entérine la souveraineté israélienne sur les colonies de Cisjordanie.

Les Nations unies et les pays européens rappellent quant à eux leur soutien à une solution à deux Etats telle que définie par le Conseil de sécurité.

A la suite de ce plan américain, qui a été rejeté par le président palestinien Mahmoud Abbas et par la Ligue arabe, Israël avait fait part de son attention d'annexer "sans attendre" les colonies juives implantées en Cisjordanie, en particulier dans la vallée du Jourdain et sur la côte nord de la mer Morte.

Le nouveau gouvernement israélien compte un nombre record de 36 ministres, plusieurs nouvelles fonctions ayant été créées afin de permettre que Benjamin Netanyahu et Benny Gantz puissent attribuer des postes à leurs fidèles. (Version française Gwénaëlle Barzic et Jean-Stéphane Brosse)