par Laila Bassam et Maya Gebeily
BEYROUTH, 18 janvier (Reuters) - Le Hezbollah a rejeté les premières propositions avancées par Washington pour calmer les tensions avec Israël, mais le groupe reste ouvert à la diplomatie américaine pour éviter une guerre plus large, ont déclaré des responsables libanais.
L'envoyé américain Amos Hochstein s'est rendu la semaine dernière à Beyrouth dans le cadre des efforts américains visant à apaiser les tensions le long de la frontière israélo-libanaise, alors que l'ensemble de la région vacille dangereusement vers une escalade majeure du conflit opposant Israël au Hamas à Gaza.
Les attaques menées par les rebelles houthis du Yémen contre des navires en mer Rouge, les frappes américaines en réponse à ces attaques et les frappes qui se déroulent ailleurs au Moyen-Orient rendent ces efforts encore plus urgents.
"Le Hezbollah est prêt à écouter", a déclaré un haut responsable libanais au fait des positions du groupe, tout en soulignant que le mouvement armé considérait comme irréalistes les idées présentées par Amos Hochstein lors de sa visite à Beyrouth.
Le Hezbollah a indiqué qu'il tirerait des roquettes sur Israël jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu total soit instauré à Gaza.
Un responsable libanais et une source de sécurité ont indiqué que le fait que le groupe soit ouvert aux efforts diplomatiques témoignait de sa volonté d'éviter un conflit plus large, et ce même après l'attaque au drone menée au début du mois par Israël en périphérie de Beyrouth dans laquelle le numéro deux du bureau politique du Hamas a été tué.
Israël a également dit vouloir éviter une guerre, mais les deux parties se sont dit prêtes à se battre si nécessaire. Israël a prévenu qu'il répondrait de manière plus agressive si un accord visant à sécuriser la zone frontalière n'était pas conclu.
Considéré comme une organisation terroriste par Washington, le Hezbollah n'a pas été directement impliqué dans les pourparlers, ont déclaré trois responsables libanais et un diplomate européen.
Les propositions de Amos Hochstein ont été transmises au groupe par des médiateurs libanais.
Selon trois sources libanaises et un responsable américain l'une de ces propositions visait à réduire les hostilités à la frontière, parallèlement aux mesures prises par Israël pour réduire l'intensité de ses opérations à Gaza.
Une autre proposition prévoyait que les combattants du Hezbollah s'éloignent de 7 kilomètres de la frontière, ont déclaré deux des trois responsables libanais. Israël a demandé que les combattants du Hezbollah se retirent de 30 km, jusqu'au fleuve Litani, comme stipulé dans une résolution de l'Onu datant de 2006.
Le Hezbollah a rejeté ces deux propositions, les jugeant irréalistes, ont indiqué les responsables libanais et un diplomate.
Le bureau du Premier ministre israélien s'est refusé à tout commentaire sur les "rapports (relatifs aux) discussions diplomatiques".
La Maison Blanche s'est refusée à tout commentaire.
Les porte-parole du Hezbollah et du gouvernement libanais n'ont pas immédiatement répondu à des demandes de commentaires.
Le Hezbollah a toutefois indiqué qu'une fois la guerre à Gaza terminée, il pourrait être ouvert à une négociation menée par le Liban concernant un accord sur des zones contestées à la frontière, ont déclaré les trois responsables libanais.
"Après la guerre à Gaza, nous sommes prêts à soutenir les négociateurs libanais pour transformer la menace en opportunité", a déclaré à Reuters un haut responsable du Hezbollah préférant conserver l'anonymat.
Le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, a déclaré mercredi qu'il y avait "encore une fenêtre d'opportunité diplomatique" pour pousser le Hezbollah à s'éloigner de la frontière.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a déclaré que Beyrouth était prêt à discuter de la stabilité à long terme de la frontière.
Amos Hochstein avait déclaré lors de sa visite à Beyrouth que les Etats-Unis, Israël et le Liban préféraient tous parvenir à une solution diplomatique. (Avec la contribution de Dan Williams à Jérusalem, Tom Perry à Beyrouth et Steve Holland à Washington; version française Camille Raynaud)