par Nidal al-Mughrabi et Dan Williams

LE CAIRE/JÉRUSALEM, 20 mai (Reuters) - Israël a effectué une nouvelle poussée lundi dans le centre de la bande de Gaza, bombardant des villes du nord de l'enclave palestinienne et affirmant vouloir encore élargir son offensive à Rafah malgré les avertissements de l'administration américaine sur les risques de morts nombreuses dans la ville du sud.

Les sources médicales à Gaza ont indiqué qu'au moins 23 personnes ont été tuées lors des derniers combats, tandis que les habitants ont fait état d'affrontements intenses à Jabalia et dans le nord de la bande de Gaza.

Les chars israéliens ont également entrepris des incursions limitées dans les quartiers de Wadi Al-Salqa et d'Al-Karara, près de Dei Al-Balah, ville du centre de l'enclave, selon des habitants.

Les combats faisaient rage malgré la présence de Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, qui a appelé les forces israéliennes à entreprendre une opération ciblée plutôt qu'une offensive à grande échelle à Rafah.

Mais le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a indiqué qu'il n'y aurait pas de relâchement dans l'opération de son armée, qui a pour but d'éliminer les combattants du Hamas de Rafah et de sauver les otages encore aux mains du groupe islamiste.

"Nous sommes engagés à élargir l'opération terrestre à Rafah jusqu'au démantèlement du Hamas et au retour des otages", a-t-il déclaré à Jake Sullivan lors de leur entretien, selon un communiqué publié par le bureau du ministère israélien de la Défense.

Israël considère Rafah comme le dernier bastion des forces du Hamas. Des centaines de milliers de Palestiniens ont fui la zone, qui était l'un de leurs derniers lieux de refuge.

Israël a ordonné aux civils palestiniens d'évacuer certains quartiers et a commencé à avancer ses chars et ses soldats dans la ville. Selon, l'UNRWA, l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, près de 810.000 personnes ont fui Rafah, soit près de la moitié de la population avant-guerre.

L'offensive israélienne a soulevé l'opposition de son allié américain qui a suspendu les livraisons de certaines armes par crainte de pertes humaines massives.

BATAILLE A JABALIA

Au moins 35.000 Palestiniens ont été tués dans l'enclave depuis le début de la guerre, selon le ministère palestinien de la Santé. Les ONG ont alerté sur les risques imminents de famine et les pénuries de carburant et d'équipements médicaux.

L'assaut du Hamas contre Israël survenu le 7 octobre, qui a déclenché la guerre, a fait 1.200 morts, selon les décomptes israéliens. Environ 125 des 253 personnes enlevées lors du raid seraient toujours en captivité à Gaza.

Les combats sont intenses dans la ville de Jabalia -qui abrite le plus grand camp des huit camps de réfugiés historiques de Gaza - depuis une dizaine de jours.

Les combats ont lieu dans le coeur du camp et dans des ruelles étroites où les soldats israéliens n'avaient jamais pénétré auparavant, ont rapporté les habitants.

La branche armée du Hamas et son allié, le Jihad islamique, ont annoncé que leurs combattants ont lancé des roquettes anti-tank et des bombes au mortier contre les forces israéliennes qui opéraient dans l'enclave palestinienne.

La branche armée du Hamas a déclaré que des affrontements au sol avaient lieu dans les alentours de Rafah. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, que Reuters n'a pas pu authentifier, montrent des chars devant certains immeubles, faisant penser à un nouveau gain territorial de l'armée israélienne.

(Version française Zhifan Liu)