Le gouvernement espagnol a unilatéralement annulé un contrat d'achat de munitions pour ses forces de police auprès d'une entreprise israélienne, a indiqué jeudi une source gouvernementale, cédant ainsi à la pression de son partenaire de coalition de la gauche radicale, Sumar.
L'Espagne, critique de longue date de la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés, s'était engagée en octobre 2023 à cesser de vendre des armes à Israël en réaction à la guerre contre le Hamas à Gaza. L'an dernier, Madrid avait élargi cet engagement en y incluant l'arrêt de ses achats d'armes auprès d'Israël.
Cependant, le 17 avril, alors que les Espagnols se préparaient au week-end de Pâques, le gouvernement avait officialisé la transaction sur le site des marchés publics.
L'achat, d'une valeur de 6,6 millions d'euros (7,53 millions de dollars), portait sur l'acquisition de plus de 15 millions de cartouches de 9 mm auprès d'IMI Systems, une entreprise israélienne détenue par Elbit Systems et représentée en Espagne par Guardian LTD Israel.
La décision avait suscité une vive réaction mercredi de la part de Sumar, partenaire de coalition, l'un des groupes membres, Izquierda Unida, menaçant de se retirer du gouvernement minoritaire.
Le ministère de l'Intérieur avait rétorqué avoir été informé par l'avocat de l'État que rompre le contrat impliquerait de payer la totalité du montant sans recevoir la marchandise.
Jeudi, une source gouvernementale a indiqué que l'Espagne avait finalement décidé de respecter son engagement d'octobre 2023 de ne fournir ni armes ni revenus aux entreprises israéliennes, "et ne le fera pas à l'avenir".
Selon cette source, l'entreprise israélienne se verrait refuser l'autorisation d'importer le matériel de défense par les autorités espagnoles pour des "raisons d'intérêt public". Le ministère de l'Intérieur résilierait le contrat et les avocats du gouvernement répondraient à toute réclamation juridique ultérieure.
Les divisions internes au sujet des dépenses de défense fragilisent déjà la coalition au pouvoir, menaçant le Premier ministre Pedro Sanchez de perdre des voix cruciales au Parlement pour faire adopter ses lois.
Mardi, Pedro Sanchez a encore irrité Sumar, plateforme de partis de gauche qui contrôle cinq ministères sous la direction de la vice-première ministre Yolanda Diaz, en annonçant un plan d'augmentation des dépenses de défense de 10,47 milliards d'euros pour atteindre les objectifs de l'OTAN.
Le gouvernement minoritaire peine à faire adopter ses textes depuis sa reconduction en 2023 grâce à une alliance de partis de gauche et de formations régionalistes indépendantistes.
(1 dollar = 0,8767 euro)