Les Nations unies ont annoncé jeudi qu'elles ne prendraient pas part à une opération humanitaire à Gaza soutenue par les États-Unis, estimant que celle-ci ne respecte pas les principes d'impartialité, de neutralité et d'indépendance. Dans le même temps, Israël s'est engagé à faciliter l'opération sans toutefois s'impliquer dans la distribution de l'aide.
« Ce plan de distribution ne correspond pas à nos principes fondamentaux, notamment ceux d'impartialité, de neutralité et d'indépendance, et nous n'y participerons pas », a déclaré jeudi le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, devant les journalistes.
La Fondation humanitaire pour Gaza, soutenue par Washington, devrait commencer son action d'ici la fin du mois de mai dans le cadre d'un plan d'aide largement critiqué. Le chef humanitaire de l'ONU, Tom Fletcher, l'a qualifié de « cache-misère pour davantage de violences et de déplacements » de la population palestinienne à Gaza.
Selon une source proche du dossier citée par Reuters, la fondation prévoit de collaborer avec des sociétés américaines privées de sécurité et de logistique pour acheminer l'aide vers Gaza, où elle serait ensuite distribuée par des organisations humanitaires.
Depuis Antalya, en Turquie, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a reconnu jeudi les critiques formulées contre ce plan. Il a affirmé que Washington restait ouvert à toute alternative permettant d'acheminer l'aide aux civils « sans que le Hamas puisse la détourner ».
« Nous ne sommes pas insensibles à la souffrance de la population de Gaza, et je sais qu'il existe des opportunités pour leur venir en aide », a déclaré Rubio après un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu plus tôt dans la journée.
« Ce plan fait l'objet de critiques. Nous sommes ouverts à une alternative, si quelqu'un a une meilleure proposition », a-t-il ajouté.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU a rappelé jeudi que l'organisation dispose « d'un plan opérationnel solide et fondé sur des principes pour fournir une aide humanitaire et des services vitaux à grande échelle et immédiatement dans l'ensemble de la bande de Gaza ».
LA FAIM MENACE
Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, ce que le groupe palestinien dément. Depuis le 2 mars, Israël a bloqué toute livraison d'aide vers Gaza, exigeant la libération de tous les otages restants par le Hamas.
Lundi, un organisme international de surveillance de la faim a averti qu'un demi-million de personnes risquaient la famine, soit un quart de la population de l'enclave palestinienne en guerre depuis octobre 2023.
Pour répondre à certaines préoccupations, la Fondation humanitaire pour Gaza a demandé à Israël d'étendre le nombre initialement limité de sites dits sécurisés de distribution d'aide du sud vers le nord de Gaza dans les 30 jours. Elle a également sollicité la reprise immédiate des livraisons d'aide par l'ONU et d'autres acteurs jusqu'à ce que la fondation soit pleinement opérationnelle.
« Je ne suis pas au courant de ces demandes, peut-être ont-elles été faites à Jérusalem, mais je peux vous dire que nous apprécions l'effort des États-Unis », a déclaré jeudi l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, devant la presse.
« Nous ne financerons pas ces efforts. Nous les faciliterons. Nous les rendrons possibles », a-t-il précisé. « Ce n'est pas nous qui fournirons l'aide... Ce sera géré par le fonds lui-même, dirigé par les États-Unis. »
Israël et les États-Unis ont exhorté l'ONU et les organisations humanitaires à coopérer et travailler avec la fondation.
On ignore encore comment la fondation sera financée. Un porte-parole du département d'État américain a indiqué qu'aucun financement du gouvernement américain ne serait attribué à la fondation.
Une fiche d'information sur la fondation, circulant la semaine dernière au sein de la communauté humanitaire, mentionnait l'ancien directeur du Programme alimentaire mondial de l'ONU, David Beasley, comme conseiller potentiel. Toutefois, selon une source proche du dossier, Beasley n'est actuellement pas impliqué dans l'initiative.