L'Union européenne va réexaminer le pacte régissant ses relations politiques et économiques avec Israël en raison de la situation « catastrophique » à Gaza, a déclaré mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du bloc.

Ces derniers jours, la pression internationale sur Israël s'est accrue, les critiques se multipliant sur l'insuffisance de l'aide humanitaire parvenant à Gaza, alors que le gouvernement du Premier ministre Benyamin Nétanyahou a lancé une nouvelle offensive militaire dans l'enclave.

Kallas a indiqué qu'une « forte majorité » des ministres réunis à Bruxelles s'était prononcée en faveur d'un tel réexamen de l'accord d'association avec Israël, au vu des événements à Gaza.

Selon des diplomates, 17 des 27 États membres de l'UE ont soutenu cette initiative, qui portera principalement sur le respect par Israël de la clause relative aux droits de l'homme prévue dans l'accord. Cette proposition a été formulée par le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp.

« La situation à Gaza est catastrophique. L'aide autorisée par Israël est bien sûr la bienvenue, mais elle représente une goutte d'eau dans l'océan. L'aide doit affluer immédiatement, sans entrave et à grande échelle, car c'est ce dont la population a besoin », a déclaré Kallas devant la presse.

Les responsables israéliens affirment que leurs opérations à Gaza sont nécessaires pour détruire le Hamas, le groupe palestinien responsable des attaques du 7 octobre 2023 contre Israël.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a rejeté les critiques de Kallas.

« Nous rejetons totalement l'orientation prise dans cette déclaration, qui traduit une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël est confronté », a réagi le ministère dans un message publié sur X mardi soir.

« Ignorer ces réalités et critiquer Israël ne fait que renforcer la position du Hamas et l'encourager à persister dans la violence », a ajouté le ministère, remerciant les pays qui, selon lui, ont soutenu Israël lors des discussions.

L'accord, entré en vigueur en 2000, stipule que la relation entre l'UE et Israël « doit être fondée sur le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques, qui guident leur politique interne et internationale ».

Dans une lettre proposant ce réexamen, Caspar Veldkamp a exprimé ses inquiétudes sur des politiques israéliennes « aggravant une situation humanitaire déjà dramatique ».

Il a également cité des « déclarations de membres du cabinet israélien évoquant une présence permanente qui laisse entendre une réoccupation de (certaines parties de) la bande de Gaza, de la Syrie et du Liban », ainsi qu'une « détérioration supplémentaire de la situation en Cisjordanie ».

Mardi, le ministre néerlandais Veldkamp a qualifié ce réexamen de « signal très important et puissant », rejoignant les positions exprimées par des responsables français et irlandais.

D'autres, toutefois, n'ont pas soutenu cette démarche. Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, a proposé que le bloc organise une réunion avec Israël dans le cadre de l'accord d'association pour évoquer ses préoccupations.

Kallas a précisé que des sanctions européennes contre certains colons israéliens violents avaient été préparées, mais qu'elles étaient jusqu'ici bloquées par un État membre. Selon des diplomates, il s'agirait de la Hongrie.