Tokyo (awp/afp) - La hausse des prix à la consommation au Japon a légèrement ralenti en octobre (+2,3% sur un an hors produits frais), signalant un nouveau recul d'ensemble des tensions inflationnistes qui pèsent sur les dépenses des ménages.

L'inflation avait reculé en septembre pour la première fois en cinq mois (à +2,4%, après +2,8% en août). Le ralentissement d'octobre est un peu plus modéré que ce que prévoyaient les experts sondés par Bloomberg (+2,2%).

Le mécontentement contre une inflation persistante avait contribué fin octobre à la lourde défaite électorale du nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba, dont la coalition avait perdu sa majorité au Parlement.

Le gouvernement, désormais minoritaire, doit présenter vendredi un plan de relance économique massif prévoyant des assouplissements fiscaux et des chèques envoyés aux ménages pour doper la consommation.

Selon Marcel Thieliant, analyste du cabinet Capital Economics, le ralentissement de l'inflation le mois dernier s'explique principalement par une base de comparaison favorable pour les prix de l'énergie.

"Le gouvernement avait réduit de moitié les subventions pour l'électricité et le gaz en octobre 2023" ce qui avait fait bondir les prix ce mois-là, et "l'impact de ces subventions resteront une source de volatilité", puisque Tokyo prévoit de les réintroduire en janvier après une période d'interruption, prévient-il.

L'inflation sous-jacente --corrigée des prix volatils de l'énergie et des produits alimentaires frais, chiffre particulièrement scruté par les marchés-- s'est également établie à 2,3%: mais dans ce cas, cela marque une accélération par rapport à septembre (+2,1%), au plus haut niveau depuix six mois.

Un renchérissement qui s'explique en partie par l'envolée continue des prix du riz (+59% sur un an) --ce qui a ajouté 0,4 point de pourcentage à l'inflation de base selon M. Thieliant.

L'archipel nippon, après avoir subi pendant des décennies une inflation quasi inexistante et même la déflation, a connu un virage ces deux dernières années, avec une hausse des prix à la consommation systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis avril 2022.

Une dynamique à laquelle contribue l'affaiblissement du yen --qui renchérit les produits importés-- et qui pèse lourdement sur la consommation des ménages, minant l'activité économique.

Ce qui en a fait un thème cruciale de la campagne électorale précédant les législatives anticipées du mois dernier.

La Banque du Japon (BoJ), qui vise une inflation stable autour de 2%, a amorcé depuis mars la normalisation de sa politique monétaire en mettant fin à ses taux négatifs, puis en procédant à une nouvelle hausse fin juillet.

Les analystes s'attendent en majorité à un nouveau relèvement des taux en décembre, d'autant que l'inflation sous-jacente est restée en octobre au-dessus de sa cible de 2% et que les dépenses des ménages connaissent un sursaut relatif.

afp/ib