La majorité des économistes anticipent désormais que la Banque du Japon (BOJ) maintiendra ses taux d'intérêt inchangés jusqu'en septembre, préférant une pause afin d'évaluer les effets des nouveaux tarifs douaniers américains, selon une enquête menée par Reuters. Toutefois, une légère majorité prévoit encore au moins une hausse de 25 points de base d'ici la fin de l'année.

Ces résultats font écho aux déclarations des décideurs de la BOJ : les tarifs généralisés imposés par le président américain Donald Trump ont certes perturbé, mais non compromis, les efforts de la banque centrale visant à resserrer modérément sa politique monétaire, alors même que de nombreuses banques centrales dans le monde s'orientent vers une baisse du coût du crédit.

Lors de l'enquête réalisée du 7 au 13 mai, 95% des économistes interrogés, soit 59 sur 62, prévoient une stabilité des taux lors de la prochaine réunion de politique monétaire de la BOJ, qui se conclura le 17 juin.

Changement notable par rapport au mois précédent : 67% des économistes, soit 39 sur 58, estiment que les taux d'emprunt resteront au niveau actuel de 0,50% au cours du troisième trimestre (juillet-septembre). En avril, seuls 36% des répondants anticipaient un statu quo sur cette période.

« La BOJ ne pourra pas relever ses taux d'intérêt dans l'immédiat, le temps d'évaluer l'impact des tarifs instaurés par Trump », explique Masato Koike, économiste principal à l'Institut Sompo Plus.

Malgré tout, 52% des sondés envisagent au moins une hausse de 25 points de base du taux directeur d'ici la fin de l'année, révèle l'enquête.

La prévision médiane pour le taux fin septembre s'établit à 0,50%, contre 0,75% lors du sondage d'avril, tandis que la projection pour fin décembre reste inchangée à 0,75%.

« À court terme, l'économie va ralentir et l'inflation sous-jacente devrait se modérer, mais le cercle vertueux entre salaires et prix devrait se poursuivre », analyse Takumi Tsunoda, économiste senior à l'Institut de Recherche de la Banque Centrale Shinkin.

« Si les négociations commerciales entre les États-Unis et les grandes puissances avancent, l'activité économique mondiale pourrait repartir », ajoute Tsunoda, précisant que la prochaine hausse de taux pourrait être reportée par rapport aux prévisions antérieures.

Peu de changement par rapport à l'enquête d'avril : 96% des répondants, soit 26 sur 27, ne jugent pas nécessaire que la BOJ abaisse ses taux d'intérêt.

Les marchés anticipent une hausse de près de 19 points de base en 2025, une évolution largement attendue d'ici la fin de l'année prochaine.

Le vice-gouverneur de la BOJ, Shinichi Uchida, a déclaré mardi devant le parlement que la banque centrale s'attend à une poursuite de la hausse des salaires et des prix, malgré les incertitudes liées à la politique tarifaire américaine, ce qui encourage les responsables à poursuivre la normalisation de la politique monétaire.

Le 2 avril, Donald Trump a imposé un tarif de 10% à tous les pays, à l'exception du Canada, du Mexique et de la Chine, ainsi qu'une hausse des droits de douane pour de nombreux partenaires commerciaux majeurs, dont le Japon, qui pourrait se voir appliquer un taux de 24% à partir de juillet, sauf accord avec les États-Unis.

Ryosei Akazawa, négociateur en chef du Japon sur les tarifs, a précédemment indiqué à la presse que les deux parties espéraient se rencontrer à nouveau à la mi-mai.

Dans l'enquête, 55% des analystes, soit 16 sur 29, se disent favorables ou plutôt favorables à la stratégie de négociation du gouvernement japonais avec les États-Unis sur les tarifs, tandis que 34% n'ont exprimé ni approbation ni désapprobation.

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