New York (awp/afp) - Le yen est descendu vendredi à son plus bas niveau depuis un mois et demi face au dollar, handicapé par des discours divergents chez les banquiers centraux américains et japonais ainsi que par le retour des spéculateurs.
Vers 20H30 GMT, le billet vert s'appréciait de 1,20% face à la devise nippone, à 148,70 yens pour un dollar. Plus tôt, la monnaie japonaise s'est repliée jusqu'à 149 yens pour un dollar, une première depuis mi-août.
Déjà en berne depuis plusieurs jours, le yen a mal réagi à la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis, selon lequel 254.000 postes ont été créés en septembre, soit nettement au-dessus des 150.000 attendus par les économistes.
"L'économie (américaine) va bien. Elle crée toujours des emplois", ont commenté, dans une note, les économistes de High Frequency Economics. "Le rythme semble ralentir, mais cela ne justifie pas une réaction affolée des autorités monétaires."
Cela va dans le sens des déclarations de plusieurs membres de la banque centrale américaine (Fed), en particulier son président Jerome Powell, qui ont estimé, cette semaine, que la Fed pouvait se permettre de procéder avec retenue dans son cycle d'assouplissement monétaire.
Le marché obligataire s'est animé après cette publication. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, le plus représentatif des anticipations du marché quant à la trajectoire de la politique monétaire, a bondi jusqu'à 3,93%, contre 3,71% la veille, au plus haut depuis fin août.
Les opérateurs attribuent désormais une probabilité de 81% à l'hypothèse de deux baisses d'un quart de point de pourcentage du taux directeur de la Fed seulement lors de ses réunions de novembre et décembre, alors que le scénario d'une réduction d'au moins 0,75 point au total était majoritairement privilégié il y a une semaine.
Ce raidissement des membres de la Fed survient en même temps qu'un mouvement inverse au Japon.
Le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a estimé mercredi que le contexte économique au Japon n'était pas "propice à de nouvelles hausses de taux".
Même s'il a modéré ses propos, jeudi, se disant aligné avec la position du gouverneur de la Banque du Japon (BOJ), Kazuo Ueda, et estimant que la BOJ pouvait encore prendre le temps de se déterminer quant à sa prochaine décision de politique monétaire, le yen est resté fragilisé.
Les analystes de Wells Fargo voient la devise japonaise "continuer à se déprécier, à moins que les Etats-Unis ou l'économie mondiale ne montrent des signes d'affaiblissement".
Pour Ivan Asensio, analyste de Silicon Valley Bank, la monnaie nippone souffre aussi d'être redevenue la cible des spéculateurs après deux mois de répit seulement.
"Quand je vois que le peso mexicain monte et que le yen baisse, pour moi, cela veut dire que le +carry trade+ est reparti", explique Ivan Asensio.
Cette technique consiste à emprunter de l'argent dans une monnaie adossée à une banque centrale qui pratique des taux bas pour le placer dans la devise d'un pays ou d'une zone monétaire dont les rendements sont élevés, ce qui est le cas du peso mexicain.
Ce dérapage du yen n'est néanmoins pas encore suffisant pour faire réagir les autorités japonaises, selon cet analyste.
"On sait que la BoJ a une grande tolérance à la douleur", dit-il, évaluant à 155, voire 160 yens pour un dollar la cote d'alerte.
Cours de vendredi Cours de jeudi 20H30 GMT 21H00 GMT EUR/USD 1,0978 1,1031 EUR/JPY 163,28 162,08 EUR/CHF 0,9422 0,9408 EUR/GBP 0,8361 0,8405 USD/JPY 148,70 146,93 USD/CHF 0,8583 0,8528 GBP/USD 1,3128 1,3124
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