Pour la première fois de son histoire, le contrat future Euro FX montre une exposition « net long » de plus de 150 000 contrats selon l’indicateur Commitment of Traders (COT) de la CFTC. Une extrémité qui pourrait motiver le besoin d’une correction plus franche de la monnaie unique.

Des précédents existent dans l’autre sens. On notait par exemple une exposition « net short » à hauteur de 203 000 contrats en mai 2012, puis même 226 000 plus récemment, en mars 2015. Dans les deux cas, la réaction haussière fut très nette. En effet, plus une quantité importante d’investisseurs spécule à la baisse, plus le nombre de nouveaux vendeurs potentiels diminue. Et lorsque les premiers dégagements interviennent, les amas d’ordres stop donnent de l’ampleur au retracement.

Bien sûr, la logique est la même de l’autre côté du carnet et les positions actuelles sur les contrats à terme adossés à la paire EUR/USD laissent ainsi craindre une campagne plus large de prises de bénéfices.

Le contexte fondamental pourrait participer à l’encourager alors que le marché s’interroge de plus en plus sur l’hypothèse d’une hausse des projections de la Réserve Fédérale, comme en témoigne la récente poussée du rendement du T-Bond US à 10 ans qui flirte avec le seuil de 3%, un niveau inédit en plus de quatre ans.

Les derniers indicateurs d’inflation outre-Atlantique et les reculs combinés du risque de guerre commerciale et des tensions géopolitiques pourraient en effet convaincre la FED de procéder à quatre hausses de taux cette année, contre trois initialement prévues. Des anticipations qui propulsent le Dollar Index dans ses plus hauts niveaux depuis janvier dernier tandis que la faiblesse persistance de la hausse des prix en zone Euro réduit à l’inverse la marge de manœuvre de la BCE.

Graphiquement, l’Euro franchit un nouveau palier dans son retracement en enregistrant une clôture quotidienne sous 1.2249, puis en testant désormais un support à 1.2192, en deçà duquel les cours n’ont presque plus évolué depuis trois mois et demi. Si la tendance de fond reste favorable à la monnaie unique, le niveau du COT et le risque que présente la prochaine réunion de la BCE crédibilisent le scénario d’une accélération vers 1.2062 USD.