Suite à un discours surprenant d'agressivité et de détermination auquel Christine Lagarde ne nous avait pas encore habitués, l’euro poursuit son rallye haussier face au dollar. Lors de la réunion de la BCE de décembre, plus d’un tiers de ses membres ont voté en faveur d’une hausse du taux directeur de 75 points de base. Bien que ceux-ci n'aient pas obtenu gain de cause face à une majorité qui a préféré agir de manière plus graduelle, le ton semble s’être lui drastiquement durcit.

Le consensus est maintenant à la poursuite d’une politique monétaire restrictive en 2023 et à la continuation des hausses de taux. D’autant plus que les anticipations d’inflation indiquent que les prix pourraient ne décroître que très graduellement. En parallèle, la projection de croissance de la BCE pour 2023 a été révisée à la baisse de 0,9% à 0,5%, une estimation en ligne avec les récentes projections faites par le FMI et l’OCDE. La posture plus agressive récemment adoptée par la BCE face à l’inflation s’annonce donc extrêmement périlleuse pour l’économie réelle, déjà au bord de la récession.

Un scénario catastrophe qui pèserait logiquement sur l’euro. Toujours est-il, pour le moment les marchés des changes semblent rester optimistes et cela joue en la faveur de l’euro qui retrouve un peu d’altitude face à de nombreuses devises. Face aux billets verts, la monnaie unique gagne plus de 7% depuis le 1er novembre et affiche aujourd’hui une parité à 1.065 USD. 

Cette tendance pourrait se poursuivre si la FED continue quant à elle d’adopter un ton de plus en plus souple. Si les taux d'intérêts en zone euro sont de plus en plus élevés quand les hausses de taux américains décélèrent, cela jouerait tout naturellement en la faveur de l’euro qui verrait sa rémunération augmenter relativement au dollar. Un retracement et une consolidation ne sont cependant pas à exclure après un rallye si impressionnant de l’euro, qui, ces derniers temps a très largement surperformé face à un grand nombre de pairs du G10.