Toute prévision sur la paire EUR/USD porte un caractère hautement spéculatif, en particulier sur ce mois de février, riche en publications et meetings. Sur la première semaine, côté européen, Christine Lagarde a haussé le ton pour rester cohérente avec les publications du 2 février et une inflation qui continue de battre des records à 5.1%. A la sortie de la réunion du conseil des gouverneurs, elle a gentiment reconnu s’être fait surprendre par la hausse des prix et assume sans le dire que les prévisions de la BCE ont sous-estimé l’ampleur du phénomène. 

Au vu des deux séances boursières catastrophiques qui ont suivi cette déclaration, il ne lui a pas fallu longtemps pour retourner sa veste. Le lundi suivant elle a tenu à rassurer les marchés devant le parlement européen. Entre-temps, l’euro s'était déjà nettement renforcé dans l’anticipation d’une remontée des taux : la paire EUR/USD a franchi le cap symbolique des 1.14 comme s’il n’existait pas pour aller chatouiller les 1.15. Cette hausse de la paire peut aussi s’expliquer par les comportements des opérateurs de l’autre côté de l’atlantique. La hausse des taux américains étant déjà bien ancrée dans les esprits et les marchés, certains analystes anticipent un resserrement plus doux que prévu et écartent la probabilité d’une montée de 50 pdb en une seule fois sur le mois de mars. Ces différentes raisons permettent vraisemblablement d’expliquer pourquoi l’euro s’est renforcé face au dollar entre le 28 janvier et le 5 février.

Mais cette hausse semble seulement temporaire. On remet les pendules à l’heure et on revient dans notre scénario principal que l’on aime tant (ou pas) : une BCE rassurante et procrastinatrice qui s’inquiète quand même un peu sur la hausse des salaires et continue de se poser des questions sur le caractère persistant de l’inflation (notamment sur les prix de l'énergie). 

Côté américain, le salaire horaire moyen continue d’augmenter (+5.7% annuel), l’IPC core est légèrement plus élevé que prévu, tout comme les inscriptions aux chômages, sans pour autant que cela remette en question la solidité du marché de l’emploi américain. Mis à part un conflit mondial, il n’y a donc pas de raisons que la FED change subitement son programme de politique monétaire. On reste donc sur un différentiel de taux à l’avantage de l’USD.