Alors que les taux américains se tendent à nouveau, les investisseurs lâchent peu à peu la monnaie unique à mesure que le risque politique s'intensifie en Italie.

Après que Silvio Berlusconi ne s'est pas opposé à un accord entre son allié La Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S), deux formations antisystème, l'arrivée au pouvoir d'une coalition populiste angoisse fortement les milieux d'affaires.

Bien que les deux partis eurosceptiques tendent à modérer leurs discours, n’ayant plus fait allusion à une potentielle sortie de l'Union monétaire dans leurs récentes déclarations, la publication d'un document explosif par la presse transalpine a créé un vent de panique sur les marchés.
Selon un projet de « contrat de gouvernement », la nouvelle coalition réclamerait à la BCE l'annulation de 250 milliards d'euros de dette et envisagerait une sortie de l'Euro, parmi pléthore de mesures économiques farfelues.

Malgré le démenti des principaux intéressés, qualifiant le document d'ébauche « dépassée », la teneur des informations laisse craindre le pire quant à l'avenir de la troisième économie européenne, par ailleurs la plus endettée de l’UE (près de 2.3 milliards d’euros en 2017, soit 132% du PIB), et des conséquences sur le continent dans son ensemble.

Sur le front monétaire, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre de la BCE, offre en revanche un peu de répit à l'Euro en signalant qu'une première hausse de taux pourrait intervenir « au moins quelques trimestres » après la fin du QE, « mais pas des années » après. Au regard de la morosité des dernières statistiques et du caractère plutôt prudent de l'argentier français, de tels propos, en ligne avec les anticipations du marché, ont été accueillis positivement par les investisseurs.

Aux Etats-Unis, le rendement des taux à 10 ans dépassent 3.10% pour la première fois depuis 2011, porté par la solidité de la macroéconomie américaine, qui contraste avec le ralentissement observé en Europe. Derniers chiffres en date chez l’Oncle Sam, les prix à la consommation progressent de +2.5% sur un an et les ventes au détail de +0.3% entre mars et avril, signe de la bonne santé du pouvoir d'achat et de la consommation.

Graphiquement, la situation se dégrade après une clôture quotidienne sous 1.1820, dans de nouveaux plus bas annuels. Tandis que les investisseurs professionnels arbitrent en défaveur de la devise européenne depuis déjà plusieurs semaines, les traders particuliers renforcent leurs martingales contre la tendance. Le seuil de 1.1594 USD, un support totalement hors-sujet il y a à peine un mois, devient un objectif crédible à moyen terme.