Les investisseurs délaissent de nouveau la monnaie unique après les réunions de la FED et de la BCE, lesquelles ont une nouvelle fois exprimé de nettes divergences en matière de politique monétaire.

Comme attendu, la Réserve Fédérale a d’abord annoncé un nouveau tour de vis d’un quart de point, le deuxième en 2018, le septième depuis le début du cycle entamé fin 2015, portant la fourchette cible de son taux au jour le jour entre 1.75 et 2%. La banque centrale américaine a par ailleurs accompagné sa décision d’un relèvement des prévisions de croissance et d’inflation ainsi que d’une révision en hausse de ses projections pour cette année (4 hausses de taux au total contre 3 auparavant).

Côté macro, les ventes au détail de l’Oncle Sam publiées dans la foulée de la réunion de la FED, ont surpassé les attentes des économistes au mois de mai (+0.8% contre +0.4% anticipé). Cette statistique illustre la solidité de la consommation américaine, moteur de la première économie mondiale, et conforte l’autorité monétaire dans ses ambitions de normalisation.

En Europe, les propos offensifs de Peter Praet, chef économiste et membre traditionnellement prudent de la BCE, avaient alimenté les attentes autour d’un arrêt du QE dès septembre. Des espoirs douchés dès la publication du communiqué de l’institution. Les gouverneurs de Francfort ont en effet pris les opérateurs à contrepied en décidant de poursuivre le programme de rachat d’actifs jusqu’au mois de décembre, planifiant une réduction de leurs injections de 30 à 15 milliards sur les trois derniers mois de l’année. Ils conditionnent de surcroit son arrêt définitif à la bonne tenue de l’inflation, créant davantage d’incertitudes. Enfin, la BCE envisage surtout de maintenir ses taux au niveau actuel aussi longtemps que nécessaire et au moins jusqu’à la fin de l’été 2019, une échéance plus lointaine qu’initialement prévu par le consensus (juin 2019).

Heureusement pour la devise européenne, la vigueur du billet vert reste atténuée par la politique protectionniste de Donald Trump et les risques d’escalade dans la guerre commerciale qui oppose les Etats-Unis au reste du monde, Chine, UE et Canada en tête. Le retrait du soutien du pensionnaire de la Maison-Blanche au communiqué commun du G7 sur le commerce et l’annonce de nouvelles taxes sur des importations a déclenché la réaction des principaux partenaires de Washington qui ont annoncé des mesures de rétorsion sur différents produits américains.

Graphiquement, l’Euro a de nouveau trébuché mais a bénéficié d’une nette réaction technique à l’approche de notre support de moyen terme (1.1538 USD). Si un retracement plus large semble avoir toutes les chances de s’imposer suite au violent sell-off post BCE, un retour au contact de 1.1803 USD nous offrirait en revanche une opportunité intéressante de se réengager dans le sens de la tendance.