Toute prévision sur la paire EUR/USD porte un caractère hautement spéculatif, en particulier en cette période de conflit qui secouel’ensemble du monde et perturbe grandement le long processus de retour à la normale engagé par la FED et la BCE depuis quelques mois. 

La légère hausse de l'EUR/USD de début février n'était que temporaire. C’était avant les déclarations de Poutine et l’assaut de son armée sur l’Ukraine. On remet les pendules à l’heure et, avec le conflit en cours, on revient dans un scénario que l’on connait déjà (une sorte de retour en arrière) : une BCE qui maintient le rythme de son QE à 40Md$ de rachats par mois et dit rester attentive et flexible pour les trimestres à venir. La baisse des prévisions de la croissance du PIB (de 4.2% à 3.5% pour 2022) ajoutée à l’explosion des prix de l’énergie sont des arguments recevables pour remettre la normalisation à plus tard (le mercredi 2 mars, l’indice des prix à la consommation interannuel publié s’établissait à 5.8%, bien au-dessus de 5.3% attendu). En revanche, le QE devrait tout de même prendre fin au cours de l’année 2022 et le taux de dépôt devrait revenir à 0 d’ici mi-2023. 

Côté américain, entre début février et début mars, c’est le jour et la nuit du point de vue des statistiques macroéconomiques. En début de mois, le salaire horaire moyen continuait d’augmenter (+5.7% annuel), l’IPC core était légèrement plus élevé que prévu, tout comme les inscriptions aux chômages. Pour autant, la FED soulignait que la solidité du marché de l’emploi n’était pas remise en question et cela se confirme avec les dernières publications. Les créations d’emploi sont bien plus élevées que les estimations (654K contre 378K) et le taux de chômage est au plus bas, à 3.7%. Pour autant, les US ne sont pas épargnés question inflation, on pourrait voir une publication à 7.9% ce jeudi. Le programme de remontée des taux se précise et reste en accord avec le discours pré-guerre. D’après Jérôme Powell, « une augmentation de 25 points de base toutes les 7 semaines serait considérée raisonnable et même conservatrice ». 

Le fait que la guerre ait lieu sur le territoire européen et que les US aient un marché de l’emploi solide creuse l’écart des politiques monétaires d’un coté et de l’autre de l’atlantique. La glissade de l’euro devrait se poursuivre. A cela vient s’ajouter la forte demande en dollars qui conserve son caractère de monnaie refuge. Finalement, il se pourrait bien que les réallocations d’actifs soient en faveur des marchés américains et non européens, entraînant ainsi l'EUR/USD vers les 1.078 puis 1.065.