La Réserve fédérale devrait procéder à sa première baisse de taux d'intérêt en quatre ans, le Brésil pourrait relever ses taux pour la première fois depuis 2022 et le Japon sera attentif à la volatilité des marchés lorsqu'il réfléchira à la date à laquelle il relèvera à nouveau ses taux.
Mais il n'y a pas que les banques centrales, l'opération d'UniCredit sur Commerzbank relançant les discussions sur les fusions-acquisitions parmi les banques européennes.
Lewis Krauskopf à New York, Rae Wee à Singapour, Marcela Ayres à Brasilia et Naomi Rovnick, Karin Strohecker et Tommy Wilkes à Londres vous présentent l'essentiel de l'actualité des marchés mondiaux pour la semaine à venir.
1/ ENFIN L'HEURE
La Fed devrait conclure sa réunion de deux jours mercredi par sa première baisse de taux de ce cycle. La question clé est maintenant de savoir dans quelle mesure et à quelle vitesse l'assouplissement interviendra.
Le débat récent a porté sur la question de savoir si la Fed opterait pour une baisse de 25 points de base (pb) ou de 50 pb en septembre. Les probabilités ont penché en faveur d'une réduction après que les données ont montré que les prix à la consommation ont légèrement augmenté en août, mais que l'inflation de base a été un peu plus difficile à mesurer.
La conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell, sera scrutée à la recherche d'indices sur le rythme potentiel des réductions de taux. Les données sur l'emploi du mois d'août ont été plus faibles que prévu pour le deuxième mois consécutif, ce qui fait craindre que la Fed n'ait trop tardé à assouplir sa politique.
Les traders estiment toujours que la Fed réduira ses taux de plus de 100 points de base d'ici la fin de l'année, ce qui pourrait créer un décalage entre les marchés et les projections de la Fed.
2/ EN HAUSSE, PAS EN BAISSE
Mercredi également, la banque centrale du Brésil devrait s'écarter de la Fed en lançant un cycle de resserrement, compte tenu d'une inflation supérieure à l'objectif de 4,25 % et d'une croissance plus forte que prévu dans la plus grande économie d'Amérique latine.
Depuis qu'elle a maintenu ses taux à 10,50 % en juillet, la banque a laissé entendre qu'elle pourrait augmenter les coûts d'emprunt pour atteindre son objectif d'inflation de 3 %. La position hawkish, renforcée par le nouveau gouverneur Gabriel Galipolo, a alimenté les paris sur une prochaine hausse de 25 points de base qui pourrait soutenir le marché réel...
Mais le Brésil est une exception parmi les économies émergentes.
En Afrique du Sud, où l'inflation se rapproche de son objectif, les responsables politiques devraient réduire les taux pour la première fois en quatre ans jeudi. La Turquie devrait maintenir ses taux à 50 % le même jour, mais pourrait les réduire en novembre.
La banque centrale d'Indonésie, qui se réunit mercredi, a évoqué la possibilité d'une réduction des taux au quatrième trimestre.
3/ UNE AUTRE ORIGINE DE SORTIE La seule voie possible pour les taux japonais est celle de la hausse. C'est en tout cas ce que suggèrent les responsables politiques de la Banque du Japon, bien qu'une hausse ce mois-ci constituerait une énorme surprise. La BOJ ne devrait pas modifier ses taux lors de sa réunion de politique générale, qui se termine vendredi, l'accent étant mis sur le resserrement à venir après deux hausses déjà intervenues cette année. À contre-courant de l'assouplissement mondial, les responsables politiques de la BOJ ont exprimé leur volonté d'augmenter encore les taux, tant que les marchés se comporteront bien et que les conditions économiques resteront favorables. Cela a aidé le yen, qui a gagné plus de 10 % par rapport à son niveau le plus bas depuis 38 ans en juillet, bien que les investisseurs restent nerveux quant à un nouveau dénouement des opérations de portage financées par le yen, ce qui pourrait provoquer un regain de volatilité.
4/ IMPRÉVISIBLE
La Banque d'Angleterre et la Banque de Norvège devraient maintenir leurs taux inchangés lors de leur réunion de jeudi. La BoE devrait encore assouplir ses taux deux fois d'ici la fin de l'année et la Norvège pourrait commencer à le faire d'ici là.
Il est difficile pour quiconque, y compris peut-être pour les principaux banquiers centraux du monde eux-mêmes, de faire confiance à de telles prévisions. Toute surprise de la part de la Fed pourrait potentiellement bouleverser les perspectives de la politique monétaire mondiale.
Une Fed dovish inattendue pourrait affaiblir le dollar, modifier les projections d'inflation pour les pays, tels que la Grande-Bretagne, qui importent des matières premières dont le prix est fixé en dollars, et inciter la Banque de Norvège à soutenir la couronne liée au pétrole.
Un commentaire de la Fed qui mettrait en doute la poursuite de l'assouplissement à partir de maintenant pourrait stimuler le dollar et resserrer les conditions financières dans le monde entier.
Les investisseurs se fient aux prévisions des marchés concernant la politique des banques centrales. Il est peut-être préférable de les ignorer pour l'instant.
5/ IL EST DE RETOUR, OU L'EST-IL ?
Le rachat de Commerzbank par UniCredit a relancé la spéculation sur le retour des fusions-acquisitions bancaires européennes tant attendues.
La banque italienne a dévoilé une participation de 9 % dans le prêteur allemand, dont la moitié a été achetée directement à l'État allemand. Andrea Orcel, PDG d'UniCredit, souhaite acheter davantage ou même racheter la Commerzbank si elle souhaite un rapprochement.
Les investisseurs observent maintenant si Orcel peut surmonter les nombreux obstacles qui ont entravé les précédents accords entre les banques européennes, y compris l'opposition politique, et si d'autres banques commencent à chercher à conclure d'autres accords.
Les possibilités sont nombreuses. En attendant, les investisseurs achètent des actions bancaires. Les actions de la Commerzbank ont augmenté de près de 20 % en deux jours, et l'indice bancaire européen a gagné près de 2 %.