par Nigel Davies

Les prévisions des analystes pour l'année 2009 ont été largement démenties par une hausse de plus de 4% de l'euro face au dollar le mois dernier. De nombreux analystes commencent à anticiper un mouvement prochain vers 1,50 dollar.

Si quelques stratèges pensent que ce niveau sera atteint dès le mois prochain, 23 analystes sur 63 sont d'avis que l'euro dépassera 1,50 dollar avant la fin de l'année 2009, les investisseurs cherchant à se diversifier dans d'autres devises et la Réserve fédérale américaine étant encore bien loin du moment où elle relèvera ses taux d'intérêts.

Le billet vert a également souffert de la publication cette semaine d'un article faisant état de discussions confidentielles entre des pays du Golfe, la Russie, la Chine, le Japon et la France pour remplacer le dollar par un panier de devises pour la cotation du pétrole, information démentie notamment par la Russie et l'Arabie Saoudite.

Cela étant, les médianes des estimations des professionnels pointent vers un euro qui se maintiendrait autour des niveaux actuels de 1,47 dollar au cours des prochains mois, et qui reviendrait à 1,44 dollar d'ici un an, juste au-dessus de son niveau de début septembre.

Le mois dernier, les analystes avaient indiqué que l'euro vaudrait entre 1,40 dollar et 1,42 dollar sur l'ensemble de l'année.

"L'analyse technique suggère qu'une hausse à 1,50 dollar ne peut pas être exclue si le pic de septembre à 1,4844 dollar est à nouveau atteint", a déclaré Kenneth Broux de Lloyds TSB.

D'autres analystes ont indiqué que l'euro serait également soutenu par des rapatriements d'actifs autour de la fin de l'année, des banques européennes souhaitant renforcer leur bilan. Le Fonds monétaire international s'était récemment exprimé dans ce sens.

VERS UNE INTERVENTION DE LA BANQUE DU JAPON ?

Un mouvement largement au delà du niveau de 1,50 dollar semble cependant peu probable.

Si quatre analystes voient l'euro à 1,55 dollar ou au dessus d'ici trois mois, de nombreux stratégistes ont déclaré que l'Union européenne et les Etats-Unis partageaient un intérêt commun, celui d'empêcher l'euro de se renforcer beaucoup plus et le dollar de se déprécier encore davantage.

Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, a déclaré lundi lors d'un entretien à Reuters Television que la nécessité de remédier aux déséquilibres de l'économie mondiale ne veut "absolument pas" dire que le dollar devrait se déprécier face à l'euro.

Une reprise économique progressive doublée d'une forte hausse des marchés boursiers ont poussé les investisseurs à se porter sur des devises à haut rendement.

Le dollar australien a été l'un des principaux bénéficiaires de cette tendance. Il s'est apprécié fortement lorsque l'Australie est devenu mardi le premier pays du G20 à relever ses taux d'intérêts depuis le début de la crise.

La monnaie japonaise a atteint cette semaine un plus haut de huit mois et demi vis-à-vis du dollar, ce qui n'a que légèrement modifié les prévisions du mois dernier sur le yen pour l'année à venir.

Et ce malgré une hausse de plus de 4% le mois dernier qui a alimenté les conjectures sur une éventuelle intervention de la banque centrale japonaise pour limiter la hausse de la monnaie.

Dans une enquête réalisée avant l'affaiblissement du yen cette semaine, les analystes ont estimé qu'il y avait une chance sur quatre pour que la Banque du Japon (BoJ) se décide à intervenir.

Les analystes restent convaincus que la tendance sur le yen s'inversera, et que la monnaie japonaise s'établira à 92 yens pour un dollar dans trois mois et à 99 yens d'ici un an, soit quelques yens de moins que la prévision de 101 yens donnée en septembre.

Seule une petite amélioration est attendue pour la livre, qui a perdu autour de 4% par rapport au dollar depuis un pic mi-septembre et plus de 4% vis-à-vis de l'euro sur un mois.

D'après les analystes, la livre devrait s'apprécier à 1,65 dollar d'ici un an et s'établir autour de 87 pence pour un euro.

Version française Sonia Manueco