Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux virent au rouge après la réunion de politique monétaire de la Fed qui s'apprête à ralentir nettement le rythme de ses baisses de taux.

Les Bourses européennes étaient en nette baisse à 09H10 GMT, Paris reculant de 0,98%, Francfort de 0,86% et Londres de 1,00%.

En Asie, la Bourse de Shanghai a enregistré une baisse de 0,36%, Hong Kong de 0,56% et Tokyo 0,69%.

"La Fed est entrée hier dans une nouvelle phase du cycle d'assouplissement", explique Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF.

Comme attendu, la Réserve fédérale américaine (Fed) a opéré une nouvelle et troisième baisse de 0,25 point de ses principaux taux, les ramenant dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, en ligne avec les attentes des marchés.

Mais les perspectives données par la très puissante institution monétaire déplaisent aux investisseurs.

La Fed "se rapproche fortement" de la fin de son cycle de baisse, a déclaré son président Jerome Powell, assurant que le Comité de politique monétaire de l'institution (FOMC), se montrera "plus prudent, concernant d'éventuelles futures baisses de taux".

"L'inflation a significativement ralenti ces deux dernières années mais elle reste relativement élevée par rapport à notre objectif de long terme de 2%", a-t-il reconnu, alors que l'institution prévoit désormais un indice d'inflation PCE à 2,5% à la fin de 2025 et un retour à 2% pour fin 2026 seulement.

Ainsi, la Fed envisage d'aller plus lentement sur la baisse des taux.

"Une nouvelle bulle de baisse des taux a ainsi éclaté", rapporte l'analyste indépendant Andreas Lipkow, et "les acteurs du marché ne s'attendent plus qu'à deux baisses de taux au maximum en 2025", d'un quart de point chacune.

Ces éléments ont torpillé Wall Street mercredi: le Dow Jones a lâché 2,58%, l'indice Nasdaq 3,56% et l'indice élargi S&P 500 2,95%.

Cette correction de la Fed "a surpris tant les marchés actions qu'obligataires", observe Florian Ielpo responsable de recherche macroéconomique pour Lombard Odier IM.

Dans le sillage des Etats-Unis mercredi, les taux des emprunts à échéance 10 ans des puissances européennes montent jeudi. A 09H00 GMT, le français est à 3,09% contre 3,05% la veille, l'allemand 2,28% contre 2,24% et le britannique 4,63% contre 4,56%.

Face à une inflation britannique tenace, une réunion de la Banque d'Angleterre est attendue jeudi. Elle devrait maintenir son taux directeur inchangé à 4,75% jeudi selon les analystes.

Le yen miné

Les annonces de la Fed secouent aussi les devises.

Dans le cas de figure d'un ralentissement des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine, "l'écart des taux entre la Fed et la Banque centrale européenne devrait s'élargir une nouvelle fois et pénaliser (entre autres) l'euro face au dollar", anticipe John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud.

L'euro se stabilisait vers 09H00 heure de Paris, à 1,0409 dollar pour un euro après avoir a chuté aux annonces de la Fed.

Dans ce contexte, le yen poursuit jeudi sa glissade face au dollar, accélérée par un statu quo monétaire de la Banque du Japon qui a maintenu jeudi inchangé son taux directeur à 0,25% en raison des "incertitudes élevées" qui planent toujours sur l'activité économique et l'inflation nippones, a-t-elle justifié.

La devise japonaise a fléchi face au dollar après l'annonce, évoluant au plus bas depuis un mois. Vers 09H00 GMT le billet vert reculait de 1,24% face au dollar et s'échangeait pour 156,730 yens, contre 154,80 la veille à 21H00 GMT.

Les semi-conducteurs faiblissent

Les groupes de semi-conducteurs STMicroelectronics (-4,02% vers 09H00 GMT), Infineon Technologies (-3,47%) ou ASML (-3,01%) reculaient dans le sillage des "chiffres trimestriels de Micron Technologie" (-4,33% à la clôture de la Bourse de New York) qui "ont mis en évidence la situation difficile du secteur des semi-conducteurs" et "fait éclater une nouvelle bulle spéculative" dans ce secteur, rappelle Andreas Lipkow.

Pétrole et bitcoin en repli

Le marché du pétrole était en repli à 09H00 GMT. Le prix du baril de WTI reculait de 0,54% à 70,20 dollars, celui de Brent de la mer du Nord de 0,50% à 73,02 dollars.

Refroidi, le bitcoin s'établissait à 101'695 dollars.

afp/jh