Les prix à la consommation aux États-Unis ont connu une hausse modérée en avril, mais l'inflation devrait s'accentuer dans les prochains mois sous l'effet des droits de douane qui renchérissent le coût des produits importés.

L'indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 0,2 % le mois dernier, après avoir reculé de 0,1 % en mars, une première baisse depuis mai 2020, selon les données publiées mardi par le Bureau of Labor Statistics du département du Travail. Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur une hausse de 0,3 %. Sur douze mois à fin avril, le CPI a progressé de 2,3 % après une hausse de 2,4 % sur la période équivalente à fin mars.

Hors éléments volatils que sont l'alimentation et l'énergie, le CPI a augmenté de 0,2 % en avril, après une progression de 0,1 % en mars. L'inflation dite « sous-jacente » (core CPI) s'est établie à 2,8 % sur un an, un rythme identique à celui du mois précédent.

Ces chiffres reflètent probablement seulement l'impact des droits de douane déjà en vigueur, notamment le doublement des taxes liées au fentanyl sur toutes les importations chinoises (portées à 20 %) et une taxe de 25 % sur les voitures et utilitaires importés, imposées avant l'annonce du « Jour de la Libération » du 2 avril par le président Donald Trump.

Si Donald Trump a suspendu en avril, pour 90 jours, la plupart de ses droits de douane ciblés par pays, une taxe générale de 10 % sur la quasi-totalité des importations reste en vigueur. Les économistes estiment que l'impact de ces droits de douane sur les prix devrait se faire sentir de manière significative à partir du rapport sur le CPI du mois de mai.

Les États-Unis et la Chine ont franchi une étape majeure vers une désescalade de leur guerre commerciale ce week-end, Washington ayant accepté de ramener les droits de douane sur les produits chinois à 30 % pour les 90 prochains jours. Les tarifs sur les produits américains importés en Chine passeraient, eux, de 125 % à 10 %.

Les économistes anticipent toujours une hausse de l'inflation cette année en raison des droits de douane, mais probablement moins marquée qu'ils ne le prévoyaient avant la trêve de 90 jours entre les deux premières économies mondiales, ce qui devrait permettre à la Réserve fédérale de maintenir sa politique de statu quo. Ils estiment également que l'apaisement des tensions commerciales devrait aider l'économie américaine à éviter la récession, même si la croissance devrait rester atone cette année.

« L'inflation devrait augmenter dans une moindre mesure, culminant autour de 3,4 % sur un an au quatrième trimestre, contre notre précédente prévision de 4 % », analyse Kathy Bostjancic, cheffe économiste chez Nationwide. « La croissance économique ralentit toutefois car les niveaux de droits de douane restent plus élevés qu'avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. »

La Fed vise un objectif d'inflation de 2 %. De nouveaux droits de douane américains menacent les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs. Donald Trump considère les tarifs douaniers comme un levier pour augmenter les recettes fiscales afin de compenser ses baisses d'impôts promises et pour relancer une industrie américaine déclinante depuis des décennies.

La semaine dernière, la Fed a maintenu son taux directeur entre 4,25 % et 4,50 %. Les marchés financiers anticipent une reprise de l'assouplissement monétaire par la banque centrale en septembre.