Washington (awp/afp) - La Banque centrale américaine, la Fed, a abaissé jeudi ses taux d'un quart de point de pourcentage, au lendemain de la réélection de Donald Trump qui pourrait annoncer des jours tumultueux pour l'institution de politique monétaire.
Cette nouvelle coupe place les taux dans la fourchette de 4,50 à 4,75%. Elle intervient après celle d'un demi-point en septembre - la première depuis mars 2020.
La réunion de la Fed avait débuté mercredi, avec une journée de retard sur le calendrier habituel, en raison de l'élection présidentielle remportée par le républicain Donald Trump.
"A court terme, les élections n'auront aucun effet sur nos décisions", a précisé le président de la Fed, Jerome Powell, lors de sa conférence de presse.
"Nous ne savons pas quel sera le calendrier et le type de réformes à venir et donc nous ne savons pas quels peuvent être les effets sur l'économie. Nous ne devinons pas, nous ne spéculons pas, nous ne supposons pas", a-t-il continué.
Jerome Powell s'est en revanche refusé à tout commentaire sur un possible affaiblissement de l'indépendance de la Fed sous cette nouvelle administration Trump.
Le milliardaire républicain était en effet coutumier des ingérences dans la politique monétaire au cours de son premier mandat, et a récemment estimé qu'il devrait avoir "son mot à dire" dans les décisions prises par l'institution.
"Non"
Jerome Powell a par ailleurs assuré qu'il ne démissionnerait pas avant la fin de son mandat si la Maison Blanche le lui demandait. Interrogé lors de la conférence de presse, il a simplement répondu "non".
Avant de préciser que la loi "ne permet pas" de licencier les gouverneurs de la puissante institution.
Ces commentaires interviennent alors que Donald Trump avait signalé en juillet, après avoir semé le doute, qu'il laisserait Jerome Powell achever son mandat de président de la Fed, qui s'achève en mai 2026. Son mandat de gouverneur, qui est distinct, prend lui fin en janvier 2028.
Jerome Powell avait été choisi en 2012 par l'ancien président démocrate Barack Obama pour entrer au Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, puis c'est Donald Trump lui-même qu'il l'en avait promu président en 2018.
Sur le front économique, le président de la Fed a salué la vitalité de l'économie américaine: "l'économie est globalement solide (...). Le marché du travail s'est détendu après avoir été surchauffé et est resté solide".
"L'inflation a considérablement diminué", a-t-il ajouté, mais "le travail n'est pas terminé", celle-ci restant supérieure à l'objectif de 2% sur un an.
La Fed a fait baisser l'inflation en relevant ses taux pour ralentir la demande. Elle est tombée en septembre à son plus bas niveau depuis février 2021, à 2,1% sur un an, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed.
Les hausses de droits de douane promises par Donald Trump pourraient cependant faire rebondir l'inflation.
La perspective de nouvelles baisses de taux a, avec la victoire de Donald Trump, soutenu jeudi la Bourse de New York, qui a clôturé en hausse.
Washington a récemment publié une série d'indicateurs montrant une activité économique solide, mais s'éloignant de l'euphorie post-Covid.
La croissance du PIB (Produit intérieur brut) au troisième trimestre a déçu, mais reste près de deux fois plus forte que celle de la zone euro, à 2,8% en rythme annualisé.
Les créations d'emplois ont elles été, en octobre, très faibles, à cause d'ouragans et de grèves, notamment chez Boeing.
La décision d'abaisser les taux a été prise à l'unanimité du FOMC, qui n'a pas actualisé ses prévisions économiques cette fois-ci, la prochaine mise à jour étant prévue lors de la prochaine réunion, en décembre.
Outre-Atlantique, la Banque d'Angleterre (BoE), qui se réunissait jeudi également, a abaissé son taux directeur d'un quart de point, pour la deuxième fois de l'année, à 4,75%.
afp/rp