Les membres du conseil de direction de la Banque du Canada ont exprimé leurs inquiétudes quant à la possibilité que les pressions inflationnistes sous-jacentes, alimentées par les perturbations commerciales et l'incertitude, puissent perdurer sur une longue période, selon le compte rendu de leur réunion publié mardi.

La banque centrale a maintenu son principal taux directeur à 2,75 % le 4 juin, invoquant la nécessité de surveiller l'impact des droits de douane américains sur le Canada et le reste du monde, ainsi que l'adaptation des entreprises et des consommateurs à cette nouvelle donne.

Le résumé des délibérations indique que les membres ont pris en compte la fermeté inattendue des données sur l'inflation pour prendre leur décision concernant les taux, et que l'équipe a passé un temps considérable à analyser l'influence de la politique commerciale sur les prix.

« Les pressions inflationnistes sous-jacentes pourraient persister sur une période prolongée à mesure que les consommateurs et les entreprises s'adaptent à la reconfiguration du commerce mondial », précise le compte rendu, tout en reconnaissant que des pressions à la baisse sur les prix pourraient également se manifester.

Les entreprises ont signalé leur intention de répercuter la hausse des coûts liée aux perturbations commerciales, ont noté les membres, ajoutant que les enquêtes montraient que les consommateurs anticipaient également une augmentation des prix.

Le taux d'inflation annuel du Canada est tombé à 1,7 % en avril, notamment grâce à la suppression de certaines taxes. Toutefois, les mesures fondamentales de l'inflation suivies de près ont dépassé la fourchette cible de 1 % à 3 % de la banque au cours du même mois, alimentant les inquiétudes quant à un raffermissement de l'inflation.

En excluant l'impact des taxes, le conseil de direction a évalué l'inflation à 2,3 %, soit légèrement au-dessus des attentes.

La baisse du taux d'inflation sous la barre des 2 % avait permis à la Banque du Canada de réduire agressivement ses taux d'intérêt de 225 points de base depuis juin de l'année dernière. Cependant, l'incertitude et les droits de douane imposés par le président Donald Trump ont bouleversé les prévisions de la banque.

« Les membres ont convenu que la hausse des coûts liée aux perturbations commerciales pouvait jouer un rôle dans l'inflation des prix des biens, mais que l'impact direct des droits de douane de rétorsion n'était pas encore évident », indique le résumé.

L'équipe chargée de la fixation des taux a reconnu qu'il serait difficile de suivre à l'avenir la répercussion des hausses de coûts des intrants sur les prix à la consommation.

Le conseil de direction s'est accordé à dire qu'il suivrait de près l'évolution des pressions inflationnistes et évaluerait avec soin le moment et l'ampleur des pressions à la baisse sur l'inflation provenant d'une économie affaiblie, ainsi que les pressions à la hausse sur l'inflation dues à la hausse des coûts.

Les délibérations précisent que si la récente fermeté de l'inflation sous-jacente devait se maintenir, il serait plus difficile de réduire le taux directeur. Cependant, si l'économie venait à s'affaiblir et que les pressions sur les coûts restaient contenues, il pourrait être nécessaire de baisser les taux à l'avenir.

(Reportage de Promit Mukherjee, édité par Dale Smith)

((Bureau Reuters à Ottawa ; promit.mukherjee@tr.com))

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