Une guerre commerciale prolongée pourrait accroître les risques pour la stabilité financière du Canada en nuisant aux banques et à d'autres institutions et en rendant plus difficile le remboursement de la dette des ménages et des entreprises, a déclaré jeudi la Banque du Canada.

Dans son rapport annuel sur la stabilité financière, la banque centrale a déclaré que le système financier était résilient.

Toutefois, les répercussions des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump sur le Canada et les contre-mesures prises par Ottawa pourraient nuire à la stabilité financière, surtout si elles se prolongent.

« Une guerre commerciale de longue durée constitue la plus grande menace pour l'économie canadienne. Elle accroît également les risques pour la stabilité financière », a déclaré la banque.

La Banque du Canada a déclaré qu'à court terme, l'imprévisibilité de la politique commerciale américaine pourrait entraîner une volatilité accrue des marchés et des tensions sur la liquidité. Dans un scénario extrême, la volatilité des marchés pourrait se transformer en dysfonctionnement.

À moyen et long terme, une guerre commerciale mondiale prolongée aurait de graves conséquences économiques, a-t-elle ajouté.

Le gouverneur Tiff Macklem a déclaré aux journalistes que les incertitudes étaient si grandes que « notre analyse n'est pas une projection, mais une évaluation des vulnérabilités ».

Si la guerre commerciale se poursuit, certains ménages, en particulier ceux qui sont fortement endettés, pourraient se retrouver en défaut de paiement, a déclaré la banque, ajoutant que le risque était principalement concentré parmi les ménages sans hypothèque.

Cela pourrait nuire à un système bancaire solide qui s'est doté d'une base de liquidités robuste et d'un accès aux fonds, a déclaré la Banque du Canada.

« Si les pertes sur créances atteignent une ampleur suffisante, les banques pourraient réduire leurs prêts en réaction. Les ménages et les entreprises en difficulté auraient alors moins accès au crédit pour traverser cette période difficile. Ce cycle pourrait aggraver le ralentissement économique », a-t-elle déclaré.

La Banque du Canada a également souligné le risque accru que représentent les fonds spéculatifs, qui ont accru leur exposition aux obligations du gouvernement canadien. Dans certains cas, ils ont acheté près de la moitié de toutes les obligations d'État mises aux enchères.

Toutefois, la majeure partie de leurs achats est financée par l'endettement, ce qui les rend plus susceptibles de se retirer du marché en période de tension, ce qui menace le marché obligataire.

Lorsque les taux d'intérêt ont commencé à baisser au Canada l'année dernière, le niveau global de l'endettement des ménages a diminué, les cas d'insolvabilité des entreprises ont reculé et les banques et les institutions financières non bancaires ont renforcé leur capacité d'absorption des chocs.

Les ménages qui ont un prêt hypothécaire à renouveler cette année ou l'année prochaine sont généralement mieux armés pour faire face à leurs paiements grâce à la baisse des taux d'intérêt, mais certains pourraient être touchés s'ils perdent leur emploi ou une partie de leurs revenus.

Ce scénario pourrait se reproduire parmi les entreprises, a déclaré la banque, ajoutant que celles qui présentent déjà des vulnérabilités telles qu'un endettement élevé, une faible rentabilité et de faibles réserves de trésorerie risquent de prendre du retard dans le remboursement de leurs dettes.

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