L'indice des prix à la consommation a augmenté de 1,8% en rythme annuel après +1,6% en décembre, a annoncé jeudi le Bureau national de la statistique.

Mais cette accélération, légèrement plus faible qu'attendu, s'explique principalement par un bond saisonnier de 4,1% des prix alimentaires avant les longues festivités du nouvel an lunaire, et, pour les analystes, il ne doit pas être perçu comme le signe d'une amélioration tangible de l'activité économique et de la demande des consommateurs.

De fait, l'inflation non-alimentaire est restée contenue à 1,2% sur un an en janvier.

Le détail des statistiques montre aussi de nouveaux signes de tensions sur les entreprises chinoises, notamment dans le secteur minier, le ralentissement de la demande et la concurrence favorisant la baisse continue des prix de vente.

L'indice des prix à la production a ainsi chuté de 5,3% le mois dernier par rapport à janvier 2015, après -5,9% en décembre.

Les prix à la production sont désormais en recul depuis près de quatre ans, la baisse des cours des matières premières se conjuguant à la faiblesse de la demande intérieure et extérieure ainsi qu'aux surcapacités dans plusieurs secteurs, dont la sidérurgie et l'énergie.

Les bénéfices du secteur industriel ont diminué en décembre pour le septième mois consécutif et affichent sur l'ensemble de 2015 un recul de 2,3%.

L'ASSOUPLISSEMENT DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE VOUÉ À CONTINUER

La multiplication des signes déflationnistes continue donc d'alimenter les spéculations sur l'adoption cette année de nouvelles mesures de soutien par le gouvernement et la banque centrale.

"Les chiffres soulignent la faiblesse persistante de l'économie, ce qui crée une marge de manoeuvre pour un assouplissement accru de la politique monétaire", dit ainsi Zhao Yang, chef économiste Chine de Nomura.

La banque japonaise s'attend à quatre baisses du taux des réserves obligatoires cette année, de 50 points de base chacune, et à deux réductions des taux d'intérêt.

"Globalement, la Chine sera probablement confrontée jusqu'à la fin de l'année à de fortes tensions déflationnistes", renchérissent les économistes d'ANZ.

"En plus du risque de déflation, la Chine est restée confrontée à janvier à des sorties de capitaux et les réserves de change ont encore diminué. De ce fait, nous pensons qu'un nouvel assouplissement de la politique monétaire reste nécessaire."

Plusieurs responsables de la Banque populaire de Chine (BPC) ont toutefois mis en garde récemment contre les inconvénients d'un assouplissement monétaire, dont celui d'une incitation supplémentaire aux sorties de capitaux et d'une pression accrue sur le yuan.

La banque centrale a réduit ses taux à six reprises depuis novembre 2014 et le niveau des réserves obligatoires à plusieurs occasions mais s'est abstenue de toute nouvelle initiative en la matière depuis octobre, privilégiant les injections de liquidités à court terme sur le marché monétaire.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Nathaniel Taplin et Xiaoyi Shao