WASHINGTON (Reuters) - Joe Biden et Emmanuel Macron ont présenté un front uni contre la guerre menée par la Russie en Ukraine, jeudi lors d'un entretien à la Maison blanche également consacré au plan anti-inflation américain, sujet de friction entre Washington et l'Europe.

Le président américain, qui a reçu son homologue français dans le Bureau ovale à l'occasion de sa visite d'Etat dans le pays, s'est dit prêt à parler à Vladimir Poutine lorsque ce dernier aura décidé de mettre fin au conflit.

"Ce n'est pas le cas", a-t-il cependant ajouté lors d'une conférence de presse conjointe avec Emmanuel Macron, ajoutant qu'il ne prendrait pas seul cette initiative, mais en concertation avec ses alliés de l'Otan, et qu'il ne ferait rien qui puisse nuire aux intérêts de l'Ukraine.

Joe Biden ne s'est pas entretenu avec le président russe depuis l'invasion de l'Ukraine en février alors qu'Emmanuel Macron a plusieurs fois discuté avec Vladimir Poutine.

"L'évolution des prochaines semaines et des prochains mois nous dira le moment qui est le bon et le choix des Ukrainiens. Une fois qu'on a dit ça, je continuerai en effet à parler au président Poutine", pour "éviter des escalades et obtenir des choses très concrètes", a commenté Emmanuel Macron en conférence de presse.

"En particulier, j'aurai une discussion sur la question de la sûreté et de la sécurité des centrales nucléaires dans les zones contestées dont celle de Zaporijjia", a-t-il dit.

Dans une déclaration conjointe diffusée après leur tête-à-tête, les présidents américain et français ont réaffirmé "le soutien continu de leurs deux pays en faveur de la défense de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine", "aussi longtemps qu'il faudra", et réaffirmé leur détermination "à ce que la Russie rende des comptes pour les atrocités et les crimes de guerre, dont l'existence est largement attestée, commis tant par ses forces armées officielles que par ses supplétifs, notamment les mercenaires du groupe Wagner".

Ils ont également promis de continuer à "coordonner leurs préoccupations concernant la remise en cause par la Chine de l'ordre international fondé sur des règles de droit, notamment s'agissant du respect des droits de l'Homme, et de travailler de concert avec la Chine sur des enjeux mondiaux d'importance tels que le changement climatique".

"ON VEUT RÉUSSIR ENSEMBLE"

En recevant le chef de l'Etat français pour leur entretien, Joe Biden avait salué en la France le "plus vieil allié" des Etats-Unis, "un partenaire inébranlable pour la cause de la liberté".

Evoquant une "amitié enracinée à travers les siècles", Emmanuel Macron avait quant à lui estimé que les deux pays devaient savoir redevenir des "frères d'armes" face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et partageaient la responsabilité de protéger la démocratie.

Au-delà de l'Ukraine, la visite d'Etat d'Emmanuel Macron avait pour enjeu les conséquences du conflit sur l'économie mondiale et l'impact sur l'industrie européenne de la loi américaine sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act ou IRA) et les subventions massives réservées aux fabricants américains qui en découlent.

Mercredi, devant des parlementaires américains, Emmanuel Macron avait parlé d'une loi "super agressive" pour les entreprises européennes, d'après un des participants à la réunion.

Jeudi, Joe Biden a promis que la législation pourrait être modifiée afin de réparer quelques "défauts" et de faciliter la participation d'entreprises européennes au plan américain, destiné à encourager la réindustrialisation du territoire américain par le développement des énergies renouvelables ou des semi-conducteurs.

Emmanuel Macron a quant à lui souligné l'importance pour les Etats-Unis et leurs alliés européens de "synchroniser" leurs approches et leurs agendas pour "investir dans les industries émergentes critiques", mentionnant les puces, l'hydrogène ou les batteries électriques.

"On veut réussir ensemble, pas l'un contre l'autre", a souligné le président français, tout en estimant que l'Europe doit "aller plus vite et plus fort" dans son ambition industrielle.

(Reportage Steve Holland, Michel Rose, Jeff Mason, version française Jean-Stéphane Brosse)

par Steve Holland, Michel Rose et Jeff Mason