BRUXELLES, 9 décembre (Reuters) - Le bras de fer entre
l'Union européenne et la Hongrie se poursuivait vendredi,
Budapest réclamant le déblocage de milliards d'euros du plan de
relance européen tandis que Bruxelles exige des réformes et la
levée du véto posé par le gouvernement hongrois à l'aide à
l'Ukraine et à la taxation minimale des multinationales.
La Commission européenne considère toujours que les efforts
récemment consentis par Budapest en matière de lutte contre la
corruption n'ont pas répondu à toutes ses préoccupations sur le
respect de l'état de droit en Hongrie, et ne justifient donc pas
le déblocage des quelque 13,3 milliards d'euros d'aide auxquels
le pays peut prétendre.
L'exécutif européen a cependant entrouvert la porte à un
déblocage partiel de cette somme par les 26 autres Etats membres
pour encourager le gouvernement hongrois à poursuivre ses
réformes.
Le Premier ministre Viktor Orban a un grand besoin de ces
fonds européens alors que l'inflation devrait atteindre 26% ce
mois-ci, que les intérêts de la dette s'alourdissent fortement
et que l'économie devrait subir une sévère récession l'an
prochain.
L'UE s'est jusqu'à présent montrée inflexible, exigeant des
progrès substantiels en matière de lutte contre la corruption et
d'indépendance de la justice, exigences auxquelles Budapest a
riposté en bloquant une aide de 18 milliards d'euros à l'Ukraine
et l'adoption par les Vingt-Sept de la taxation minimale des
multinationales.
"Je note les efforts déployés jusqu'à présent par la
Hongrie", écrit le commissaire européen au Budget, Johannes
Hahn, dans une lettre consultée par Reuters, mais "le risque
global pour le budget de l'Union (...) n'a pas changé à la
lumière des dernières modifications législatives adoptées en
Hongrie".
Pour accentuer la pression sur Bruxelles, Viktor Orban
pourrait s'opposer à l'approbation d'un nouveau train de
sanctions contre la Russie, prévue plus tard dans la soirée de
vendredi, craignent des diplomates.
En signe d'apaisement, les 26 autres Etats pourraient donc
approuver de manière conditionnelle le plan d'aide présenté par
Budapest, pour un montant de 5,8 milliards d'euros, et maintenir
le gel de 7,5 milliards d'euros supplémentaires, ont dit des
sources au fait des tractations.
Des discussions à ce sujet ne devraient cependant pas
intervenir avant lundi et, selon ces sources, leur issue
dépendra aussi de la disposition de la Hongrie à lever les vétos
qu'elle a posés. Rien ne garantit par conséquent que la crise
sera résolue d'ici au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement
des Vingt-Sept jeudi et vendredi prochains.
(Reportage de Gabriela Baczynska et John Chalmers, avec Sabine
Siebold et Jan Lopatka ; version française Tangi Salaün, édité
par Kate Entringer)