(Reuters) - Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a déclaré vendredi que son pays ne souhaitait pas que la France prenne part aux négociations de paix avec l'Arménie et il a annulé une rencontre de quatre jours avec le président français, Emmanuel Macron, et celui du Conseil européen, Charles Michel, prévue à Bruxelles à partir du 7 décembre.

Ilham Aliev a estimé qu'Emmanuel Macron avait "attaqué" et "insulté" son pays et qu'il ne pouvait donc pas jouer le rôle d'intermédiaire.

Des combats ont éclaté en septembre entre les deux ex-républiques soviétiques, en conflit depuis plusieurs décennies au sujet du Haut-Karabakh, une enclave en territoire azerbaïdjanais internationalement reconnue comme faisant partie de l'Azerbaïdjan mais peuplée et contrôlée jusqu'en 2020 par des Arméniens.

Les deux pays se rejettent mutuellement la responsabilité de la reprise des hostilités, l'Arménie affirmant que l'Azerbaïdjan a pris le contrôle de portions de son territoire.

Un cessez-le-feu a été conclu en septembre et le mois dernier à Prague, les deux parties ont accepté le principe de la présence d'une mission civile de l'Union européenne à leur frontière.

Mais vendredi, Ilham Aliev a accusé le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, de tenter de saper les discussions à venir en insistant pour que la France joue un rôle de médiation.

"Macron (...) a attaqué l'Azerbaïdjan et nous a accusés de choses que nous n'avons pas faites", a-t-il dit en anglais lors d'une conférence internationale à Bakou.

Il a estimé que le président français avait adopté "une position anti-Azerbaïdjan" et qu'il était "insultant" envers son pays.

"Il est clair que dans ces circonstances, avec cette attitude, la France ne peut pas prendre part au processus de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie", a conclu Ilham Aliev.

Le ministère arménien des Affaires étrangères a déclaré de son côté souhaiter maintenir le "format de Prague" pour les discussions à venir, ce qui impliquerait la participation d'Emmanuel Macron et Charles Michel.

La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a déclaré vendredi que la France restait "pleinement engagée en soutien aux négociations en cours".

L'Arménie reproche aussi à l'Azerbaïdjan de ne pas avoir répondu à ses dernières propositions en vue d'un accord de paix, présentées au début du mois lors d'une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays à Washington.

À Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que la Russie, qui avait déployé une force de maintien de la paix de 5.000 soldats dans la région en 2020 après six semaines de combats, était prête à oeuvrer à la conclusion d'un nouvel accord, tout en précisant qu'il n'existait à ce stade aucun projet concret de rencontre à Moscou.

La Russie est un allié officiel de l'Arménie mais s'efforce de maintenir de bonnes relations avec Bakou. En septembre, elle avait rejeté un appel d'Erevan à déployer des forces sur le terrain après la reprise des combats.

(Reportage Jake Cordell, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault et Sophie Louet)