MUNICH (Reuters) - Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a déclaré samedi avoir adressé une lettre au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour engager un dialogue au sein du Conseil Otan-Russie afin d'éviter un conflit en Ukraine, mais a prévenu Moscou des risques d'une demande impossible à satisfaire.

S'exprimant à l'occasion de la Conférence de Munich sur la sécurité, Jens Stoltenberg a ajouté n'avoir observé aucun signe de retrait russe des frontières de l'Ukraine et que le risque d'un conflit était réel.

"Nous sommes extrêmement inquiets parce que nous voyons que (les troupes russes) continuent de se renforcer, continuent de se préparer. Et nous n'avons jamais vu en Europe depuis la fin de la Guerre froide une telle concentration de troupes prêtes au combat", a-t-il déclaré.

"J'ai invité la Russie et tous les alliés de l'Otan à des réunions du Conseil Otan-Russie. Et j'ai réitéré mon invitation dans la lettre que j'ai adressée jeudi au ministre Lavrov", a-t-il ajouté.

Le Conseil Otan-Russie s'est réuni le mois dernier pour discuter officiellement de la demande russe invitant l'Otan à retirer ses troupes en Europe de l'Est. Jens Stoltenberg estime cependant que Moscou formule des demandes en matière de sécurité en sachant pertinemment que les Alliés ne peuvent y répondre favorablement.

Le président russe Vladimir Poutine souhaite également que l'Ukraine ne puisse pas adhérer à l'Otan, mais les Alliés estiment qu'en vertu des traités des Nations unies, chaque pays est libre de choisir ses alliances.

"La Russie a fait de la question de l'éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'Otan un casus belli, ce qui est un paradoxe car il n'y a pas de décision à ce sujet à l'ordre du jour", a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz.

"Nous ferons une distinction claire entre les exigences indéfendables et les intérêts de sécurité légitimes", a-t-il ajouté.

"REMODELER L'ORDRE INTERNATIONAL"

La Russie a massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l'Ukraine mais dément tout projet d'invasion.

"Le risque est actuellement la combinaison de ce renforcement militaire massif et cette rhétorique très menaçante, mettant en avant des exigences dont ils savent que nous ne pouvons pas satisfaire, puis de dire que si nous ne les satisfaisons pas, ce seront des conséquences militaires", a déclaré Jens Stoltenberg.

S'exprimant aux côtés de Jens Stoltenberg, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a, pour sa part, estimé que les menaces de Moscou contre l'Ukraine pourraient remodeler l'ensemble du système international mais représenter un coût économiquement important pour Moscou.

"Le monde assiste avec incrédulité (...) à la plus grande concentration de troupes sur le sol européen depuis les jours les plus sombres de la Guerre froide, car les événements de ces jours pourraient remodeler l'ensemble de l'ordre international", a-t-elle déclaré.

(Avec Robin Emmott et John Chalmers à Bruxelles, Thomas Escritt et Sarah Marsh à Berlin, version française Claude Chendjou)

par Sabine Siebold