8 août (Reuters) - L'Ukraine a appelé lundi à la création d'une zone démilitarisée autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, alors que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'est à son tour alarmé des bombardements dans les alentours de la plus grande centrale nucléaire d'Europe durant le week-end, dont Moscou et Kyiv se rejettent la responsabilité.

Le patron de l'énergéticien public ukrainien Energoatom, Petro Kotine, a appelé lundi à la démilitarisation de la centrale de Zaporijjia et estimé qu'une équipe de casques bleus devrait être présente sur place.

"Nous demandons à la communauté internationale et à tous nos partenaires (...) de faire le nécessaire en vue d'un retrait des envahisseurs du secteur de la centrale et en vue de la création d'une zone démilitarisée", a-t-il déclaré à la télévision ukrainienne.

"La présence de casques bleus pour assurer le contrôle de cette zone (...) permettrait de résoudre le problème", a-t-il ajouté.

Les forces russes ont pris début mars le contrôle de la centrale de Zaporijjia, située dans le sud de l'Ukraine, mais ce sont toujours les employés ukrainiens d'Energoatom qui la font fonctionner. L'armée de Kyiv mène actuellement une contre-offensive dans la région.

Alors que la Russie et l'Ukraine se sont mutuellement accusées d'être à l'origine de plusieurs bombardements survenus depuis vendredi dans le secteur de la centrale, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a prévenu lundi que "toute attaque contre une centrale nucléaire est un acte suicidaire".

"Nous soutenons pleinement les efforts de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique-NDLR) visant à créer les conditions d'une stabilisation de la situation au niveau de la centrale", a-t-il aussi déclaré lors d'une conférence de presse au Japon, où il se trouve actuellement pour la commémoration du 77e anniversaire des bombardements nucléaires contre Hiroshima et Nagasaki.

Les inspecteurs de l'AIEA doivent pouvoir accéder à la centrale de Zaporijjia, a insisté le secrétaire général de l'Onu.

Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, a prévenu samedi dans un communiqué que les dernières attaques en date près de la centrale illustraient "le risque très réel de désastre nucléaire".

Le ministère russe de la Défense a déclaré lundi que la centrale avait dû réduire sa production en raison de dégâts infligés dimanche à des lignes à haute tension par des bombardements ukrainiens.

Les autorités de Kyiv ont démenti être à l'origine de ces bombardements et ont accusé la Russie d'avoir elle-même mené des frappes samedi près de la centrale, qui ont selon elles blessé deux employés et endommagé trois capteurs de radiation.

Russie et Ukraine s'étaient déjà rejeté la responsabilité de frappes ayant endommagé une ligne électrique de la centrale vendredi.

Reuters n'est pas en mesure de vérifier ces affirmations sur le terrain. (Reportage bureaux de Reuters, avec la contribution de Rocky Swift à Tokyo, de Natalia Zinets à Kyiv, rédigé par Stephen Coates et Mark Heinrich ; version française Myriam Rivet, édité par Tangi Salaün)