MINSK/NEW YORK, 27 septembre (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche pour le septième week-end consécutif en Biélorussie afin de demander le départ du président Alexandre Loukachenko tandis que l'ancienne République soviétique dénonçait des ingérences étrangères dans la vie du pays.

Des policiers masqués ont emmené des manifestants dans des fourgonnettes et tiré des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes pour disperser les foules, qui scandaient "l'imposteur" et "Sveta est notre présidente" tout en défilant à travers Minsk et d'autres villes, vêtues de couleurs rouges et blanches de l'opposition.

Au moins 53 personnes ont été arrêtées, selon des militants des droits de l'homme.

Certains ont qualifié la manifestation d'"intronisation par le peuple" de Svetlana Tsikhanouskaïa, cheffe de file de l'opposition biélorusse qui a quitté le pays après l'élection controversée du 9 août.

Le chef de la diplomatie biélorusse a pour sa part accusé samedi les puissances occidentales de tenter de semer "le chaos et l'anarchie" dans l'ancienne République soviétique, secouée par d'importantes manifestations depuis l'élection présidentielle contestée du mois dernier.

"Nous constatons des tentatives pour déstabiliser la situation dans notre pays", a déclaré Vladimir Makei à l'Assemblée générale des Nations unies.

"L'ingérence dans nos affaires internes, les sanctions et les autres restrictions contre la Biélorussie auront l'effet opposé, et nuisent à absolument tout le monde", a-t-il ajouté dans une vidéo préenregistrée.

L'Union européenne a fait savoir jeudi qu'elle ne reconnaissait pas la légitimité d'Alexandre Loukachenko, dénonçant un scrutin "ni libre ni équitable".

"Ce qui se passe en Biélorussie, c'est une crise de pouvoir, un pouvoir autoritaire qui n'arrive pas à accepter la logique de la démocratie et qui s'accroche par la force", a déclaré le président français Emmanuel Macron au Journal du Dimanche.

"Il est clair que Loukachenko doit partir", a-t-il dit, ajoutant que la Russie avait un rôle à jouer.

La Russie a déclaré que la décision de l'UE de ne pas reconnaître Alexandre Loukachenko comme président légitime était contraire au droit international et équivalait à une ingérence indirecte dans le pays.

Les forces de sécurité biélorusses ont interpellé 150 personnes samedi lors d'une manifestation dans le centre de Minsk accusant Loukachenko d'avoir truqué le scrutin du mois dernier.

Reuters a appris auprès de sources que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada prévoyaient d'imposer sous peu des sanctions contre des représentants biélorusses pour ce qu'ils considèrent comme un scrutin truqué et une répression excessive des manifestations.

"Des déclarations pleines de cynisme ont été effectuées par une série de nos collègues occidentaux à propos de leur présumée préoccupation pour la souveraineté et le bien-être de la Biélorussie. En fait elles ne sont rien d'autre que des tentatives pour apporter le chaos et l'anarchie dans notre pays", a estimé Vladimir Makei. (Michelle Nichols, Gabrielle Tétrault-Farber et Andrei Makhovsky, version française Jean Terzian, Gilles Guillaume et Benjamin Mallet)