par Max Hunder et Sabine Siebold
KYIV/BRUXELLES, 13 octobre (Reuters) - Une quarantaine
de villes ukrainiennes ont été visées par des tirs de missiles
russes au cours des dernières 24 heures, a déclaré l'armée
ukrainienne jeudi, au deuxième jour d'une réunion des ministres
de la Défense de l'Otan consacrée au renforcement des moyens
anti-aériens en Ukraine et en Europe.
Pour Moscou, cette détermination affichée par les
Occidentaux à soutenir militairement Kyiv "le temps qu'il
faudra" confirme que l'Otan est "partie directe au conflit".
Plusieurs proches de Vladimir Poutine brandissent depuis
plusieurs jours la menace d'une troisième guerre mondiale en cas
d'adhésion de l'Ukraine à l'Otan.
"Kyiv est bien conscient qu'une telle étape signifierait à
coup sûr l'escalade vers une troisième guerre mondiale", a
déclaré le vice-secrétaire du Conseil de sécurité de la
Fédération russe Alexandre Venediktov, cité jeudi par l'agence
officielle Tass.
Le président ukrainien Volodimir Zelensky a déposé le 30
septembre dernier une demande d'adhésion accélérée à l'Otan en
réponse à l'officialisation par Vladimir Poutine de l'annexion
par Moscou de quatre régions ukrainiennes, même s'il paraît
improbable que l'Otan y réponde favorablement.
BOMBARDEMENTS "MASSIFS" A MYKOLAÏV
Au cours des dernières 24 heures, plus de 40 localités
ukrainiennes ont été touchées par des missiles russes, tandis
que les forces ukrainiennes ont mené 32 frappes sur 25 cibles
russes, a déclaré l'état-major ukrainien.
La ville portuaire de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, a
été la cible de bombardements massifs, selon des responsables
locaux. "On sait qu'un certain nombre de cibles civiles ont été
touchées", a déclaré le gouverneur de la région, Vitali Kim.
Les deux derniers étages d'un immeuble résidentiel de cinq
étages ont été totalement détruits, a-t-il dit dans un message
posté sur les réseaux sociaux.
A Makariv, dans la région de Kyiv, la capitale ukrainienne,
des infrastructures stratégiques ont été frappées jeudi matin
par des attaques au drone menées par les forces russes, selon la
présidence ukrainienne et le chef de la police régionale.
Le gouverneur de l'oblast de Kyiv, Oleksiy Kouleba, a
déclaré que des drones "kamikazes" de fabrication iranienne
Shahed-136 étaient à l'origine de ces frappes, alors que Téhéran
nie fournir des drones à Moscou.
Des missiles ont également touché un ensemble de bâtiments
et résidences, des gazoducs et des lignes électriques dans la
ville de Nikopol, dans l'oblast de Dnipropetrovsk, où 2.000
foyers sont privés d'électricité, a déclaré le gouverneur
régional, Valentin Reznitchenko, sur Telegram.
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'ONU CONDAMNE L'ANNEXION RUSSE
A Bruxelles, au siège de l'Otan, le chef du Pentagone, Lloyd
Austin, a réaffirmé que les pays membres étaient prêts à
défendre "chaque pouce du territoire de l'Alliance", reprenant
ainsi des propos du président américain Joe Biden.
Les ministres de la Défense devaient se réunir dans la
journée à huis clos dans le cadre du Groupe des plans
nucléaires, un organe de l'Alliance qui réfléchit aux questions
spécifiques liées aux forces nucléaires, alors que Moscou a
plusieurs fois évoqué la menace de recourir à tous les moyens, y
compris nucléaires, pour défendre son territoire.
Parallèlement, l'Allemagne et une quinzaine d'autres pays
membres de l'Otan ont signé jeudi une déclaration d'intention
pour l'achat en commun de systèmes anti-aériens tels que l'Arrow
3 israélien, le Patriot américain ou l'IRIS-T allemand, afin de
mieux protéger le territoire de l'Alliance contre des tirs de
missiles.
A New York, l'Assemblée générale des Nations unies a voté à
une forte majorité de 143 voix sur 193 pays membres une
résolution condamnant l'annexion "illégale" des quatre régions
ukrainiennes en partie occupées par la Russie de Louhansk,
Donetsk, Kherson et Zaporijjia.
Quatre pays seulement ont imité la Russie en votant contre
la résolution - Syrie, Nicaragua, Corée du Nord et Biélorussie.
Trente-cinq pays se sont abstenus, parmi lesquels la Chine,
partenaire stratégique de Moscou.
(Bureaux de Reuters, version française Jean-Stéphane Brosse,
édité par Sophie Louet)