KYIV, 11 août (Reuters) - Des images satellites diffusées jeudi montrent les dégats causés par des frappes ukrainiennes sur une base aérienne russe en Crimée, touchée quelques jours plus tôt lors d'une attaque qui suggère que Kyiv pourrait avoir obtenu de nouvelles armes de longue portée susceptibles de changer le cours de la guerre.

Les photos, publiées par la société indépendante Planet Labs, montrent trois cratères qui témoignent de la précision des frappes, qui ont détruit les bâtiments de la base aérienne russe de Saki, les épaves d'au moins huit avions étant clairement visibles.

La Russie a nié toute destruction d'appareil et déclaré que les explosions observées sur la base mardi étaient accidentelles.

L'Ukraine n'a pas publiquement revendiqué la responsabilité de l'attaque ni dit exactement comment elle a été menée.

"Officiellement, nous ne confirmons ni ne démentons rien ; il existe de nombreux scénarios expliquant ce qui a pu se passer(...) en gardant à l'esprit qu'il y avait plusieurs épicentres d'explosions exactement au même moment", a déclaré à Reuters le conseiller présidentiel ukrainien Mykhailo Podolyak dans un message.

La circonstances de l'attaque restent mystérieuses. Certains responsables ukrainiens ont suggéré qu'il pourrait s'agir d'un acte de sabotage par des infiltrés. Les cratères d'impact quasi identiques et les explosions simultanées semblent cependant indiquer que la base a été frappée par de nouvelles armes à longue portée capables d'échapper aux défenses russes.

La base se trouve bien au-delà de la portée des roquettes avancées que les pays occidentaux reconnaissent avoir envoyées à l'Ukraine jusqu'à présent. L'Ukraine dispose également de ses propres missiles antinavire, qui pourraient théoriquement être utilisés pour atteindre des cibles terrestres.

UNE NOUVELLE PHASE

La guerre devrait entrer dans une nouvelle phase au cours des prochaines semaines. Les lignes de front n'ont pratiquement pas bougé depuis le mois de juin, mais Kyiv affirme préparer une grande offensive pour reprendre les régions méridionales de Kherson et de Zaporijjia.

La Russie a refusé l'offre de la Suisse de représenter les intérêts diplomatiques de Moscou à Kyiv et a déclaré que la Suisse, ayant souscrit à la plupart des sanctions de l'UE, ne pouvait plus être considérée comme neutre.

Les séparatistes soutenus par la Russie ont affirmé avoir capturé Pisky, une petite ville à la périphérie de Donetsk, déjà aux mains des séparatistes, qui a été le théâtre de combats ces derniers jours.

"Il fait chaud à Pisky. La ville est à nous mais il reste des poches de résistance éparses dans son nord et son ouest", a déclaré le responsable séparatiste Danil Bezsonov sur Telegram.

Les responsables ukrainiens ont démenti que la ville soit tombée. Reuters n'a pas été en mesure de vérifier les témoignages sur le champ de bataille.

Oleksiy Arestovych, un conseiller présidentiel ukrainien, a déclaré dans une interview publiée sur YouTube que le "mouvement russe vers Pisky" avait été "sans succès".

(Reportage Reuters ; rédigé par Peter Graff ; version française Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)