MOSCOU, 23 avril (Reuters) - L'Azerbaïdjan a annoncé dimanche l'installation d'un point de contrôle sur la seule voie terrestre reliant l'Arménie à l'enclave azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, peuplée à majorité d'Arméniens, ce qui a provoqué de nouvelles tensions entre Bakou et Erevan.

Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a justifié la mise en place de ce checkpoint par la nécessité d'assurer la sécurité du trafic routier dans cette zone, en accusant l'Arménie d'utiliser cette route pour transporter des armes vers la région contestée.

L'Arménie a estimé que ce barrage constituait une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu ayant mis fin au conflit de l'automne 2020 entre les deux pays. Elle a exhorté la Russie, médiatrice entre les deux camps, de s'assurer, comme le prévoit l'accord, que le corridor de Latchine, seule route reliant l'Arménie au Haut-Karabakh en traversant l'Azerbaïdjan, soit placé sous le contrôle de forces russes de maintien de la paix.

Le ministère arménien de la Défense a également déclaré qu'un soldat arménien avait été tué dimanche matin par des tirs des forces azerbaïdjanaises à Sotk, un village arménien à l'est du lac Sevan. Bakou a démenti avoir tué un militaire arménien.

L'Azerbaïdjan a de son côté affirmé que des soldats arméniens avaient ouvert le feu sur des unités azerbaïdjanaises en fin de matinée dans le district de Latchine, ce qu'a nié Erevan.

Les Etats-Unis ont exprimé leur préoccupation quant à l'installation du checkpoint, estimant que cela compromettait les efforts de paix dans la région.

"Les États-Unis sont profondément préoccupés par le fait que l'établissement par l'Azerbaïdjan d'un checkpoint sur le corridor de Latchine sape les efforts visant à établir la confiance dans le processus de paix", a déclaré le département d'État américain dans un communiqué dimanche.

Le département d'État a appelé à une circulation libre et ouverte des personnes et des marchandises sur ce corridor et a exhorté les parties "à reprendre les pourparlers de paix et à s'abstenir de provocations et d'actions hostiles le long de la frontière". (Reportage Guy Faulconbridge, avec Kanishka Singh à Washington, version française Jean-Stéphane Brosse et Matthieu Protard)