MOSCOU/WASHINGTON (Reuters) - L'ambassadeur des Etats-Unis en Russie s'est rendu mercredi au ministère russe des Affaires étrangères pour remettre les réponses écrites de Washington aux demandes de Moscou en matière de sécurité, sur fond de tensions croissantes à propos de l'Ukraine, où les Occidentaux craignent un nouveau conflit.

Les Etats-Unis et la Russie ont participé à plusieurs réunions bilatérales pour tenter d'apaiser les tensions concernant l'Ukraine, alors que Washington dit craindre une offensive imminente de Moscou qui a déployé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne.

Des discussions en format plus larges, réunissant l'Otan et la Russie, ont été organisées ce mois-ci sans permettre d'avancer vers une sortie de crise.

Une réunion se tient ce mercredi à Paris en "format Normandie" entre conseillers politiques de la Russie, de l'Ukraine, de l'Allemagne et de la France.

La Russie, qui nie toute intention belliqueuse envers son voisin, réclame de la part de l'Occident des garanties sécuritaires, dont celle que l'Otan ne s'élargira pas à l'Est pour inclure l'Ukraine. Elle a transmis en fin d'année dernière une liste de demandes, indiquant attendre une réponse américaine par écrit.

Washington et ses alliés rejettent fermement l'idée que la Russie puisse avoir son mot à dire sur la composition de l'Otan et refusent de promettre que l'Ukraine n'intégrera pas un jour l'Alliance. Les Occidentaux se disent prêts en revanche à discuter du contrôle des armes et de mesures de confiance.

Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué mercredi que l'ambassadeur américain John Sullivan avait remis en personne les réponses des Etats-Unis.

D'après l'agence de presse russe RIA, l'ambassadeur des Etats-Unis s'est rendu mercredi soir au ministère, d'où il est reparti une trentaine de minutes plus tard.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré que les réponses écrites fixaient le cadre d'une issue diplomatique à la crise, à condition que Moscou choisisse cette voie, et évaluaient avec "pragmatisme" les préoccupations russes.

Il a rappelé que les Etats-Unis cherchaient à éviter une escalade militaire en Ukraine.

"Mettre les choses par écrit (...) est une bonne manière de s'assurer que nous sommes aussi précis que possible, et que les Russes comprennent nos positions, nos idées, aussi clairement que possible. La balle est dans leur camp", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, ajoutant que le document comprenait des "choses très positives" à même de "convaincre" Moscou.

Antony Blinken a dit s'attendre à de nouvelles discussions avec son homologue russe Sergueï Lavrov après leur rencontre vendredi dernier à Genève qui n'a pas permis de rapprocher les positions de Washington et Moscou.

Fait rare, Joe Biden a prévenu mardi qu'il n'excluait pas de sanctionner directement son homologue russe Vladimir Poutine en cas d'invasion de l'Ukraine, une hypothèse que le Kremlin a décrit comme potentiellement "destructrice" politiquement.

Le président français Emmanuel Macron a pour sa part indiqué qu'il demanderait vendredi lors d'un entretien téléphonique des "clarifications" à Vladimir Poutine.

(Reportage Anton Kolodyazhnyy et Tom Balmforth à Moscou, Humeyra Pamuk, Doina Chiacu, Simon Lewis et Arshad Mohammed à Washington; version française Jean Terzian)