9 décembre (Reuters) - L'opposant russe Ilia Iachine a été condamné vendredi à huit ans et demi de prison pour avoir diffusé de "fausses informations" à propos des actions de l'armée russe en Ukraine.

Ilia Iachine, 39 ans, avait commenté dans une vidéo diffusée sur YouTube en avril dernier les témoignages de journalistes occidentaux sur des crimes de guerre russes dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kyiv, et mis en doute les explications fournies par le Kremlin selon lesquelles les preuves avaient été "fabriquées" pour servir de provocation contre la Russie.

Cette remise en cause de la version officielle tombe sous le coup d'une loi votée peu après l'invasion de l'Ukraine, le 24 février, pour réduire au silence toute contestation. Cette loi punit la diffusion de "fausses informations" contre l'armée d'une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

Réagissant à sa condamnation, Ilia Iachine a appelé les Russes à ne pas se laisser museler.

"Avec ce verdict hystérique, les autorités veulent nous intimider mais en réalité, ça montre leur faiblesse", a écrit l'opposant sur Telegram. "Les dirigeants forts sont calmes et confiants. Seuls les faibles essaient de faire taire tout le monde et d'écraser toute forme de dissidence."

"Nous avons dit la vérité sur les crimes de guerre et appelé à l'arrêt du bain de sang", a-t-il poursuivi. "Aujourd'hui, je ne peux que répéter ce que j'ai dit le jour de mon arrestation : je n'ai pas peur, et vous ne devez pas avoir peur. Le changement est proche."

Interrogé sur la condamnation d'Ilia Iachine pendant une conférence de presse à Moscou, le président Vladimir Poutine a déclaré qu'il était inacceptable de questionner une décision de justice.

L'opposant emprisonné Alexeï Navalny a de son côté salué le courage de son ami, vétéran comme lui des manifestations contre Vladimir Poutine en 2011-2012. "La Russie sera libre et tu le seras aussi", a-t-il écrit sur le compte Twitter géré par son équipe en exil.

Les avocats d'Ilia Iachine ont dit faire appel du verdict, accueilli au cri de "Liberté pour les prisonniers politiques" par ses partisans rassemblés devant le tribunal. (Rédigé par Mark Trevelyan et Jake Cordell, version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)