Lars Klingbeil, futur vice-chancelier et ministre des Finances de l'Allemagne, est un député social-démocrate chevronné, siégeant au Bundestag depuis plus de quinze ans. Toutefois, son domaine d'expertise s'est historiquement concentré sur la défense, plutôt que sur les finances.
Désormais garant des finances publiques allemandes, Klingbeil, 47 ans, sera chargé de superviser une expansion massive des dépenses militaires. Cette décision, prise par le gouvernement sortant sous la pression insistante des États-Unis et face à la guerre persistante menée par la Russie en Ukraine, a conduit à exclure les investissements militaires des règles limitant l'endettement.
En mars, le Bundestag a approuvé des plans pour une augmentation spectaculaire des dépenses, comprenant également un fonds spécial de 500 milliards d'euros (€568 milliards) dédié aux infrastructures, rompant ainsi avec des décennies de rigueur budgétaire dans l'espoir de relancer la croissance économique.
Klingbeil plaidait depuis longtemps pour une réforme du fameux « frein à l'endettement », qui limite l'emprunt public, estimant que l'Allemagne suivait « une voie totalement erronée ».
Cette position contraste avec celle de son prédécesseur au ministère des Finances, le libéral Christian Lindner, défenseur intransigeant du frein à l'endettement, dont l'attachement à la discipline budgétaire avait largement contribué à la rupture de l'ancienne coalition dirigée par le SPD.
Le SPD, parti de centre-gauche, a officiellement approuvé mercredi la nouvelle coalition conduite par le conservateur Friedrich Merz, ouvrant la voie à son investiture prévue mardi prochain. Le SPD doit nommer formellement Klingbeil au poste de ministre des Finances lundi. Son collègue Boris Pistorius conservera, lui, le portefeuille de la Défense.
Réputé pour son charisme et ses qualités de communicant, Klingbeil est considéré comme l'étoile montante du SPD, voire un futur chancelier potentiel. Il a assuré la co-présidence du parti ces quatre dernières années aux côtés de Saskia Esken.
PRUDENCE
Klingbeil a joué un rôle clé lors des négociations avec le bloc conservateur CDU/CSU de Merz pour parvenir à un accord de coalition, mais il s'est montré jusqu'ici prudent dans ses prises de parole publiques sur l'économie et la manière dont il entend aborder ses nouvelles fonctions.
« Tout dépend du financement », a-t-il déclaré lors d'une récente interview télévisée, interrogé sur les ambitieux projets de dépenses publiques de la nouvelle coalition.
Dans un entretien accordé à la presse du groupe Funke, Klingbeil a souligné que l'argent devait être dépensé « de manière judicieuse et efficace, dans l'intérêt des citoyens et de l'économie ».
Sa première grande mission sera de présenter un projet de budget pour 2025, retardé par les élections anticipées de février, au cours desquelles le SPD n'a recueilli que 16 % des suffrages, derrière les conservateurs de Merz et l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD).
Fils de militaire, Klingbeil siège depuis 2009 à la commission de la défense du Bundestag, où il a pu constater les effets du sous-investissement dans les forces armées allemandes. Une situation que Merz s'est engagé à faire cesser, à une époque où l'Europe ne peut plus compter automatiquement sur la garantie de sécurité des États-Unis.
Klingbeil est issu d'une famille ouvrière de Soltau, en Basse-Saxe, au nord du pays. Grand amateur de football et supporter du FC Bayern, il a également joué dans un groupe de punk rock, « Sleeping Silence », durant sa jeunesse.
Ancien président des Jeunes Socialistes de son Land, il souhaite moderniser le SPD et le rendre plus attractif auprès des jeunes électeurs, en mettant l'accent au sein du parti sur des thèmes tels que le changement climatique, la justice sociale et les inégalités de revenus.
« Je veux, en tant que chef de groupe parlementaire et de parti, veiller à ce que de nombreux visages jeunes soient également visibles publiquement », a-t-il déclaré après les élections de février.
En plus de la gestion des finances publiques et de la co-direction du SPD, Klingbeil devra aussi relever le défi de freiner l'ascension de l'AfD, parti anti-immigration qu'il qualifie de « menace pour la démocratie ».
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