Le pays d'Afrique de l'Ouest exige depuis longtemps que son ancien colonisateur prenne ses responsabilités, présente des excuses officielles et mène une enquête appropriée sur le massacre qui a eu lieu à Thiaroye, un village de pêcheurs situé à la périphérie de Dakar, la capitale du Sénégal.
L'événement, qui a renouvelé ces demandes, intervient alors que la France perd de son influence sur ses anciennes colonies africaines, dont beaucoup se sont tournées vers la Russie pour assurer leur sécurité.
Les récits du massacre varient, tout comme le nombre de morts, que l'ancien président français François Hollande a fait passer de 35 à au moins 70 lors d'une visite à Thiaroye en 2014. Les historiens estiment qu'il pourrait être beaucoup plus élevé.
Quelques jours avant la commémoration, le président français Emmanuel Macron a écrit une lettre publique à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye dans laquelle il a qualifié les tueries de "massacre" pour la première fois.
En 2014, M. Hollande avait parlé d'une "épouvantable tragédie", mais il a également parlé de massacre dans une interview accordée le mois dernier à une chaîne de télévision française.
La cérémonie, à laquelle le ministre français des affaires étrangères a assisté aux côtés d'autres chefs d'État africains, a commencé par une visite au cimetière militaire de Thiaroye pour y déposer des fleurs.
Un guide imprimé pour la cérémonie décrivait la "répression horrible" des membres de l'unité d'infanterie sénégalaise, qui ont été encerclés et abattus parce qu'ils demandaient à être indemnisés comme il se doit.
Les circonstances du massacre restent obscures, la France étant accusée d'avoir falsifié ou caché des documents.
Des pressions ont été exercées pour autoriser la fouille des fosses communes dans lesquelles, selon les historiens, jusqu'à 400 soldats africains pourraient être enterrés.
M. Macron a déclaré dans sa lettre que la France coopérait avec un comité sénégalais pour établir la vérité.
"Il y a eu plusieurs efforts pour étouffer cette histoire", a déclaré M. Faye en réponse à la lettre de M. Macron. "Nous pensons que cette fois-ci, l'engagement de la France sera complet, franc et collaboratif.
Au début de l'année, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a accusé la France de chercher à "déterminer unilatéralement" la manière dont elle a traité les soldats africains qui ont servi dans ses armées, et les réparations qu'ils méritent.