Le chef séparatiste des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, a annoncé lundi une loi visant à établir une force de police des frontières pour sa région dominée par les Serbes, après qu'un haut tribunal bosniaque a demandé son placement en détention pour avoir refusé de répondre aux convocations des procureurs.

M. Dodik, président de la République serbe autonome de Bosnie, a déjà adopté une série de lois dérogeant aux pouvoirs de l'État et violant la constitution, créant ainsi la plus grande crise constitutionnelle dans ce pays des Balkans depuis la fin de la guerre des années 1990.

M. Dodik a déclaré sur les médias sociaux que les principaux dirigeants de la région s'étaient mis d'accord lundi pour former leur police des frontières conformément aux accords de paix de Dayton qui ont mis fin à la guerre de 1992-1995, dans le cadre de sa tentative de revenir sur toutes les réformes d'après-guerre visant à renforcer le pays fragile.

En vertu de l'accord de paix parrainé par les États-Unis, la Bosnie a été divisée en deux régions autonomes, la République serbe et la Fédération croato-bosniaque, reliées par un gouvernement central faible et supervisées par un envoyé international dont le rôle est d'empêcher l'État multiethnique des Balkans de retomber dans le conflit.

Le conflit, qui oppose M. Dodik et ses alliés, la Russie et la Serbie, aux États-Unis et à l'Union européenne, a débuté après que M. Dodik a été condamné en février à un an de prison et à une interdiction d'exercer des fonctions pendant six ans pour avoir défié les décisions de l'envoyé, dans une décision de justice dont il peut faire appel.

M. Dodik a ensuite adopté des lois interdisant à la justice et à la police de la région, qui ont été suspendues à titre provisoire par la Cour constitutionnelle au motif qu'elles mettaient en péril l'ordre juridique et constitutionnel ainsi que la souveraineté du pays.

La semaine dernière, les procureurs de l'État ont ordonné l'arrestation de Dodik, du premier ministre de la région, Radovan Viskovic, et du président du parlement, Nenad Stevandic, qui ont ignoré leurs convocations dans le cadre d'une enquête sur une atteinte à l'ordre constitutionnel.

Mais leur arrestation a été considérée comme une opération à haut risque après que la police de la région a déclaré qu'elle protégerait les fonctionnaires.

La décision de M. Dodik de créer une police des frontières distincte intervient alors que les médias rapportent que les procureurs de l'État ont émis un mandat à l'encontre des trois fonctionnaires, ce qui signifie que n'importe quelle unité de police du pays peut les arrêter et qu'ils ne peuvent pas quitter la Bosnie.

M. Dodik avait déjà annoncé son voyage à Moscou cette semaine.

Âgé de 66 ans, ce nationaliste pro-russe a occupé de hautes fonctions au niveau de l'État et au niveau régional pendant près de 30 ans. Au cours de la dernière décennie, il a fortement plaidé en faveur de la sécession de la région serbe de la Bosnie et de son unification avec la Serbie.