Pourquoi le 9 mai ? L’occasion est parfaite pour ressortir une de ces anecdotes historiques qu’on aime tant. Le 7 mai 1945, le général allemand Alfred Jodl signe la capitulation à Reims, avec effet le 8 mai à 23h01. Voilà pour l’Ouest. Mais Staline, insatisfait, exige une seconde signature à Berlin, en présence de généraux soviétiques. Cette signature a donc eu lieu à 23h le 8 mai…oui mais 23h à Berlin signifie 1h du matin le 9 mai à Moscou. Depuis 1965, cette date est jour férié dans les pays de l’ex-URSS.

Un défilé historique

Les autorités annoncent une cérémonie d’une ampleur inédite : plus d’une heure de parade sur la place Rouge, avec soldats, blindés et matériels emblématiques comme le char T-34 ou le SU-100. Certains équipements actuellement utilisés en Ukraine seront également de la partie. Des militaires venus de 13 pays défileront aux côtés des troupes russes.

Dans un discours d’une dizaine de minutes, Vladimir Poutine a mêlé hommage aux soldats de la Seconde Guerre mondiale et justification de la guerre en Ukraine. Il a affirmé que "l’ensemble du pays, la société, le peuple soutient les participants à l’opération militaire spéciale."

Établissant un parallèle explicite entre les deux conflits, il a ajouté : "Notre devoir est de défendre l’honneur de l’Armée rouge. Les soldats russes sont devenus une barrière contre le nazisme." Et conclut : "Nous continuerons à lutter contre les crimes de ces personnes. La vérité et la justice sont de notre côté. Nous sommes fiers du courage des participants de l’opération militaire spéciale" en Ukraine.

Un cessez-le-feu contesté

La Russie avait annoncé un cessez-le-feu unilatéral en début de semaine. L’Ukraine y a vu une opération de communication, préférant une trêve de 30 jours. Depuis, les deux camps s’accusent mutuellement de l’avoir violé. Un scénario déjà vu lors des célébrations de Pâques.

Sécurité maximale à Moscou

Les mesures de sécurité sont sans précédent : longues coupures d’internet, fermeture de nombreuses stations de métro, et magasins fermés le long du parcours. L’Ukraine, qui a renoncé à toute célébration à Kiev pour raisons de sécurité, reste perçue comme une menace. Une attaque contre le Kremlin avait eu lieu il y a un peu plus de deux ans. Le maire de Moscou affirme d’ailleurs avoir intercepté neuf missiles ukrainiens aux abords de la capitale il y a quelques jours.

Un jeu diplomatique très observé

La présence ou l’absence de certains dirigeants peut sembler secondaire. Elle ne l’est ni pour Volodymyr Zelensky ni pour Vladimir Poutine. En recevant des chefs d’État venus de tous horizons, et pas des moindres, le président russe cherche à renforcer ses alliances hors du cadre occidental.

Le Premier ministre slovaque sera le seul représentant de l’Union européenne, une présence vivement critiquée par le ministre français chargé de l’Europe. Mais pour le Kremlin, l’essentiel est ailleurs : prouver que la Russie n’est pas isolée. Au total, 29 chefs d’État ou de gouvernement sont attendus, dont Xi Jinping et Lula.

Au-delà des alliés traditionnels, des pays comme l’Égypte, le Congo ou l’Indonésie seront représentés. Tous entretiennent des relations étroites avec l’Occident, mais partagent aussi certains points de convergence idéologique avec Moscou.

Quelques absences sont toutefois remarquées. Le Kazakhstan, fidèle à la commémoration du 9 mai, refuse cette année la mise en scène militarisée. L’Inde aussi se fait attendre : son président Narendra Modi, initialement annoncé, a décliné en raison du conflit au Cachemire.