Les négociateurs russes et ukrainiens se sont retrouvés vendredi à Istanbul pour ce qui est présenté comme leurs premières discussions de paix directes depuis plus de trois ans, alors que le président américain Donald Trump exerce une pression pour mettre fin à ce conflit, le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

La rencontre, attendue au palais de Dolmabahçe sur le Bosphore, serait un signe de progrès diplomatique entre les deux camps, qui ne s'étaient pas rencontrés en face-à-face depuis mars 2022, soit le mois suivant l'invasion russe.

Les attentes d'une avancée majeure, déjà faibles, ont été encore amoindries jeudi lorsque Trump a déclaré qu'aucun progrès ne serait possible sans une rencontre entre lui-même et le président russe Vladimir Poutine.

Trump, qui achevait une tournée au Moyen-Orient avant de rentrer à Washington, a déclaré vendredi qu'il rencontrerait le dirigeant russe « dès que nous pourrons organiser cela ».

À Istanbul, un journaliste de Reuters a vu les premiers véhicules arriver sur le lieu des discussions, dont des minibus blancs et plusieurs voitures noires. Une source au ministère turc des Affaires étrangères a indiqué qu'une réunion avait déjà débuté entre des responsables turcs, américains et ukrainiens.

Des sources turques avaient précisé que les délégations ukrainienne et russe se rencontreraient en présence de responsables turcs, dès 09h30 GMT.

Poutine a proposé dimanche des discussions directes avec l'Ukraine en Turquie, mais a refusé le défi du président ukrainien Volodymyr Zelensky de le rencontrer en personne, préférant envoyer une équipe de responsables de rang intermédiaire aux pourparlers.

Zelensky a estimé que la décision de Poutine de ne pas venir lui-même mais d'envoyer ce qu'il a qualifié de « décoratifs » montrait que le dirigeant russe n'était pas sérieux quant à la fin de la guerre. La Russie a accusé l'Ukraine de vouloir « faire du spectacle » autour des discussions.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio, également arrivé à Istanbul vendredi, a confié aux journalistes la veille que, compte tenu du niveau des équipes de négociation, une avancée majeure était peu probable.

« J'espère me tromper. J'espère avoir 100 % tort. J'espère que demain les informations annonceront qu'ils ont accepté un cessez-le-feu, qu'ils ont décidé d'entamer de véritables négociations. Mais je vous livre simplement mon analyse, en toute honnêteté », a-t-il déclaré.

La Russie présente ces discussions comme la continuité des négociations menées dans les premières semaines du conflit en 2022, déjà à Istanbul.

Mais les termes alors abordés, alors que l'Ukraine était encore sous le choc de l'invasion initiale, seraient aujourd'hui très défavorables à Kiev. Moscou exigeait notamment une réduction drastique de l'armée ukrainienne.

Alors que les forces russes contrôlent près d'un cinquième du territoire ukrainien, Poutine campe sur ses exigences de longue date : que Kiev cède des territoires, renonce à ses ambitions d'adhésion à l'OTAN et adopte un statut de neutralité.

L'Ukraine rejette ces conditions, les assimilant à une capitulation, et cherche des garanties de sécurité pour son avenir, notamment de la part des États-Unis.