Si vous détenez un ETF en euros qui suit un indice américain, l’appréciation de l’euro joue en votre défaveur. Pourquoi ? Parce que vos actifs sous-jacents sont en dollars. Ainsi, quand on convertit leur valeur dans une devise plus forte (l’euro en l'occurrence), ils valent mécaniquement moins en termes d’euros.
Prenons un exemple : si le S&P 500 gagne 5% en dollars, mais que dans le même temps l’euro grimpe de 5% face au dollar, votre performance en euros sera nulle, car la conversion érode vos gains. Le scénario d'une baisse de l'indice est encore pire, puisque les pertes de marché s'ajoutent aux pertes de change.
A l’inverse, si l’euro avait baissé face au billet vert, l’effet de change aurait amplifié vos gains en euros. C’est ce qu’on a pu observer dans le passé, notamment en 2022, lorsque l’euro était tombé sous la parité face au dollar, boostant les performances des ETF américains en EUR.
Un coup de pouce pour les ETF européens en dollars
Et si un investisseur possède un ETF investi sur des actions européennes mais coté en dollars ? Dans ce cas, la dynamique est inverse. La hausse de l’euro signifie que son investissement vaut plus en dollars une fois converti. Cela peut être une bonne nouvelle pour les investisseurs étrangers, notamment américains, qui détiennent des ETF sur l’Europe en dollars. Leur exposition en euros leur rapporte davantage en cas de conversion dans une devise qui s’affaiblit. Mais pour un investisseur basé en zone euro, cela ne change rien fondamentalement : ce qui compte, c’est la performance intrinsèque des actions sous-jacentes, et non la devise de cotation de l’ETF.
Faut-il se couvrir contre le risque de change ?
Vaste question... Certains ETF proposent une couverture de change ("hedged"), ce qui permet de neutraliser l’effet des fluctuations monétaires. Ces fonds utilisent des instruments financiers pour compenser l’impact du taux de change sur la performance. Cependant, cette couverture a un coût et peut ne pas être toujours avantageuse, surtout si l’on investit sur le long terme.
Voici les fluctuations annuelles de la paire EUR/USD ces dernières années :

Quel est l'impact précis du change sur un ETF ?
Voici un exemple chiffré avec un EUR passant de 1,03522 à 1,0923 USD.
Cas 1 : Un ETF en EUR qui suit le S&P 500, lequel a progressé de 10%
- L’investisseur convertit 10 000 EUR en USD au taux initial (1,03522), soit 10 352,20 USD.
- Après la hausse de l’indice de 10% S&P 500, cela donne 11 387,42 USD.
- En reconvertissant au nouveau taux de 1,0923, la valeur finale en euros est de 10 425 EUR.
- La performance réelle en euros : +4,25% (au lieu de +10% en USD). Pour les puristes : perf en € = [(1 + perf en USD) / (1 + perf EUR/USD)] - 1.
Cas 2 : Un ETF en EUR qui suit le S&P 500, lequel a reculé de 10%
- L’investisseur convertit 10 000 EUR en USD au taux initial (1,03522), soit 10 352,20 USD.
- Après la baisse de l’indice de 10% S&P 500, cela donne 9 316,98 USD.
- En reconvertissant au nouveau taux de 1,0923, la valeur finale en euros est de 8 529,69 EUR.
- La performance réelle en euros : -14,7% (au lieu de -10% en USD).
Illustration graphique maintenant, avec un ETF bien connu, l'Amundi S&P 500 UCITS ETF en EUR (LU1681048804).

A la clôture du 12 mars 2025, il affichait une baisse de 9,8% (100,93 EUR) depuis le 1er janvier. Dans le même temps, l'indice S&P 500 est en repli de 4,8%. La différence n'est pas due à un énorme raté des équipes d'Amundi dans le suivi de l'indice, mais bien à l'effet de change. Si l'on ajoute au comparatif un ETF couvert contre le risque de change (exemple le iShares S&P 500 EUR Hedged UCITS ETF (Acc) – EUR, IE00B3ZW0K18), on constate qu'il atténue les pertes, mais qu'il coûte un peu plus cher (0,20% de frais, contre 0,15%).
Moralité ? Le risque de change n'est pas à prendre à la légère, même si l'on a parfois l'impression que l'euro et le dollar restent dans des bornes relativement étroites sur la durée. C'est l'un des arguments développés par Xavier dans sa dernière vidéo sur la chute du marché US. Nous terminons par un clin d'oeil à Stéphane Faure, d'Astyrian Patrimoine, qui a attiré notre attention sur cette problématique.