D’après les données de LSEG Lipper, ces ETF ont attiré 10,95 milliards de dollars depuis le début du mois, dépassant déjà le record sur cinq ans de 9,2 milliards enregistré en mars. Le précédent pic remontait à mars 2020, au plus fort de la crise du COVID.
Conçus pour répliquer un multiple des performances journalières d’un indice sous-jacent comme le S&P 500 ou le Nasdaq 100, ces produits sont prisés des investisseurs particuliers qui souhaitent éviter les marchés à terme, jugés plus risqués en période de forte volatilité.
Depuis l’annonce, le 2 avril, de tarifs douaniers réciproques par Donald Trump, l’indice MSCI World a reculé de plus de 3%, tandis que le S&P 500 et le Nasdaq ont chacun cédé 5%. Ces pertes avaient été plus marquées initialement, avant que la décision du président de suspendre ces mesures pour 90 jours n’apaise partiellement les marchés.
Rob Kane, directeur des investissements alternatifs chez Commonwealth Financial Network, estime que ces flux sont alimentés par l’anticipation de baisses imminentes des taux de la Réserve fédérale, ainsi que par l’idée que les tarifs douaniers servent d’outil de négociation dans un contexte de discussions commerciales plus larges.
"Les réactions initiales exacerbées par le sentiment des investisseurs se corrigent souvent rapidement. La nature tactique des ETF à effet de levier, capables de générer d’importants gains à court terme, en fait un outil prisé pour exploiter les déséquilibres de prix", explique-t-il. L’essor de plateformes de trading comme Robinhood, qui facilitent l’accès à ces produits pour les particuliers, contribue également à leur popularité croissante.

Exemple d'ETFs à effet de levier : ces produits démultiplient les évolutions du Nasdaq (en bleu), du DAX (en vert) ou de l'action Unicredit (en jaune). Depuis quelques jours, ils décollent...
Des outils de court terme
Mais certains analystes mettent en garde contre le phénomène d’érosion des performances propre à ces ETF. Le rebalancement quotidien et la volatilité peuvent peser sur les rendements à long terme, ce qui en fait des placements risqués sur la durée.
Vince Stanzoine, directeur général de First Information, souligne que ces fonds ne sont pas adaptés à une détention prolongée : "Les ajustements quotidiens perturbent les performances, surtout lorsque le marché évolue sans tendance claire. En réalité, des traders professionnels comme moi parient à la baisse sur des ETF X3 comme le TQQQ pour tirer parti de cette déperdition et des inefficiences du marché."