* Hausse des prix du beurre, baisse des cours du lait

* Le gouvernement va organiser des états-généraux (Actualisé avec ministère de l'Agriculture §§ 6-7)

RENNES, 13 juin (Reuters) - Plusieurs rassemblements de producteurs de lait réclamant une hausse des prix se sont déroulés mardi matin dans l'ouest de la France, devant des coopératives ou des transformateurs industriels, avec parfois des déversements de fumier.

Ce dossier constitue une urgence pour le gouvernement d'Edouard Philippe, qui lancera en juillet des états-généraux de l'alimentation avec les représentants des agriculteurs, de la grande distribution et des transformateurs pour que le prix payé aux exploitants leur permette de vivre sans perdre d'argent.

"Cela fait deux ans que nous sommes en crise. Aujourd'hui les laiteries font de la marge et ne redistribuent pas aux producteurs, on vient demander des explications", a déclaré à Reuters Régis Louazon, producteur d'Ille et Vilaine, venu avec une quarantaine d'autres éleveurs bloquer le site industriel de la coopérative Agrial, à Cesson-Sévigné, près de Rennes.

Alors que le prix du beurre est en très forte hausse, les éleveurs, qui vendent en moyenne les mille litre de lait entre 300 et 310 euros, réclament une revalorisation de 20 à 30 euros afin de couvrir leurs prix de revient et de dégager une rémunération minimale.

"Nous demandons une meilleure répartition des marges pour que tout le monde y gagne, les grandes surfaces, les transformateurs mais aussi les paysans qui sont toujours en bout de chaîne", souligne Régis Louazon, qui pointe la difficulté de travailler avec des trésoreries depuis des mois dans le rouge.

Le ministre de l'Agriculture, Jacques Mézard, a défendu mardi la "légitimité" de la demande des éleveurs lors d'une rencontre avec la Fédération Nationale des Producteurs de Lait, selon un communiqué publié par son ministère.

"Le ministre va faire appel au médiateur des relations agricoles pour prendre contact avec chacune des enseignes de la grande distribution pour les inciter à tenir compte de l’évolution de la conjoncture dans les négociations en cours", peut-on lire dans ce communiqué.

RESTRUCTURATIONS

Selon les représentants de la FDSEA, plusieurs facteurs sont invoqués par les transformateurs pour justifier l'absence de répercussion du prix du beurre sur celui du lait.

"Le lait est un produit qui se divise principalement en matière grasse et en matière protéique que l'on retrouve sous forme de poudre de lait et les industriels mettent en avant les difficultés sur ce marché pour justifier le maintien de prix bas", déplore Frédéric David, président de la section lait de la FDSEA d'Ille et Vilaine.

Autre argument avancé par les coopératives : la nécessaire consolidation de leurs résultats, qui ont été affectés par la crise du secteur laitier en 2016.

"Nous sommes également confrontés au refus de la grande distribution de renégocier des contrats qui ont été conclus en début d'année", souligne Frédéric David, qui réclame également des incitations à produire un lait plus riche en matière grasse pour répondre à la demande.

"Avec les restructurations, près de 7% des éleveurs du grand Ouest ont disparu et beaucoup, faute d'argent, ont mis leurs bêtes au maximum à l'herbe, ce qui produit moins de matière grasse, il faut qu'on nous redonne les moyens de nourrir nos animaux à l'auge, avec du maïs ou d'autres céréales", dit-il.

Outre le site Agrial ou la coopérative Even à Ploudaniel, plusieurs laiteries appartenant à des groupes privés ou à des coopératives ont fait l'objet de manifestations ou de blocages mardi matin, telle la laiterie Laïta à Yffignac, dans les Côtes d'Armor ou le site d'Agrial à Herbignac, en Loire-Atlantique. (Pierre-Henri Allain, édité par Yves Clarisse et Simon Carraud)