(Ajoute réactions, précisions)

par Steve Holland et Jeff Mason

WASHINGTON, 16 août (Reuters) - Donald Trump a supprimé les autorisations d'accès aux données confidentielles dont bénéficiait l'ancien directeur de la CIA, John Brennan, affirmant que ce dernier se servait de ce privilège pour "semer la discorde et le chaos" au sein de l'administration américaine.

Trump a fait connaître sa décision dans un communiqué lu par la porte-parole de la Maison blanche Sarah Sanders, mercredi.

Le président américain examine également la possibilité de révoquer les accréditations de plusieurs autres anciens responsables gouvernementaux qui ont en commun de l'avoir critiqué.

Cela concerne notamment l'ancien directeur du renseignement national James Clapper, l'ancien directeur du FBI, James Comey, l'ancienne conseillère à la sécurité de Barack Obama, Susan Rice, l'ancien directeur de l'Agence nationale de sécurité (NSA), Michael Hayden, et l'ancienne vice-ministre de la Justice, Sally Yates.

Les parlementaires républicains se sont montrés divisés sur la décision de Donald Trump, certains critiquant cette décision quand d'autres estimaient que Brennan avait mal agi en critiquant le président.

Brennan, qui dirigeait la CIA sous l'administration Obama, se montre régulièrement critique à l'égard de Donald Trump et est intervenu dans plusieurs émissions télévisées d'information pour dénoncer la politique étrangère du président américain.

Le communiqué de Trump lu par Sanders affirme que Brennan s'est lancé dans "une critique sans cesse plus folle" et qu'il a abusé de son accès à des informations confidentielles pour "semer la division et le chaos".

"A ce stade de mon administration, les bénéfices que de hauts responsables pourraient tirer de consultations avec M. Brennan sont éclipsés par les risques que pose sa conduite fantasque et son comportement. Cette conduite et ce comportement ont largement dépassé les limites de toute la courtoisie professionnelle qui lui était faite", indique le communiqué.

"LIBERTÉ DE PAROLE"

Pour l'ancien patron de l'agence centrale de renseignement, Donald Trump tente de réduire au silence ceux qui contestent sa présidence.

"Cette mesure fait partie d'une opération plus vaste de M. Trump de supprimer la liberté de parole et de punir ceux qui le critiquent", écrit Brennan sur son compte Twitter. "Cela devrait profondément inquiéter tous les Américains, y compris les professionnels du renseignement sur ce que coûte de s'exprimer à haute voix".

Cette décision de Trump intervient au lendemain d'un autre message de Brennan sur Twitter condamnant le président américain pour ses remarques contre Omarosa Manigault Newman, une ancienne conseillère de la Maison blanche, auteur d'un ouvrage virulent contre Trump.

"Il est ahurissant de constater à quel point vous ne parvenez pas à faire preuve d'un minimum de décence, de civilité et de probité. On dirait que vous ne comprendrez jamais ce que signifie être président, ni que cela exige d'être une personne bonne, décente et honnête. Si décourageant, si dangereux pour notre nation", écrivait Brennan.

D'anciens responsables gouvernementaux conservent parfois leurs autorisations d'accès aux données confidentielles afin de pouvoir prêter conseil si besoin à leurs successeurs.

Un autre ex-directeur de la CIA, John Deutch, s'était vu retirer son accréditation en 1999, trois ans après avoir démissionné de son poste, après avoir violé les règles de sécurité en conservant des informations classifiées sur son ordinateur particulier.

John Brennan ne fait face à aucune inculpation ou accusation formelle d'avoir violé des lois.

Selon Ned Price, un ancien représentant de la CIA et ancien porte-parole du Conseil de sécurité sous la présidence Obama, Donald Trump essaie de détourner l'attention après la parution du livre d'Omarosa Manigault Newman.

"La Maison blanche sait aussi bien que quiconque que Brennan, dans ses critiques à l'égard de Trump, n'a jamais divulgué d'informations confidentielles. Et cela a toujours été le critère en matière de révocation d'une accréditation", a-t-il dit. (Pierre Sérisier et Jean Terzian pour le service français)